Dans la société du
spectacle, il faut des "rivalités", des "duels"
et des "chocs" que l'on construit de toutes pièces pour
maintenir le degré d'intérêt et d'attention du télé-consommateur.
Pensées
dans un seul but (le business : soit
la
vente, soit
le
vote !), ces mécanismes se retrouvent aujourd'hui partout : dans le
Football (PSG/OM, Real/Barça...),
la
musique
(NTM/Iam,
Booba/Kaaris...),
le jeu
vidéo (Sega/Nintendo,
Call
of Duty/Battle field...) ou
les marques commerciales (Microsoft et Sony) :
des "rivalités" et des "antagonismes" que l'on
sait
-
le
moment venu - renouveler
pour le besoin du show permanent.
Prévisible,
le
libéralisme spectaculaire est ainsi
: là
où il y a un marché, le système met
en place un "duel"
factice, une
"opposition" de façade et un "clash" cartonné.
Très
souvent d'ailleurs, en
coulisses, non
seulement les parties se connaissent mais elles
se
mettent aussi
parfois d'accord
sur le script de
la "confrontation-spectacle"
à
livrer,
au grand dam des supporters, des fans ou des militants sincères,
victimes de ce gigantesque cirque.
Pour continuer à rendre
attractif la discipline, booster la notoriété et la part de marchés
de ses principaux acteurs, le spectacle politique reprend aujourd'hui
les grands principes du " rap game ", construit sur des
personnages et des postures, de la compétition et des battles, des
clash et du jeu, que l'on insère stratégiquement dans un plan de
promo.
Programmé et présenté comme
un "événement" par la chaîne BFM TV (concurrente directe
de CNews), le débat "Zemmour VS Mélenchon", prévu
ce jeudi soir sous forme de battle, comporte ici toutes les
composante du "game" qui plait tant au public.
- D'abord, l'affiche,
binaire au possible, présente 2 personnages au positionnement
facilement identifiable par le conso-spectacteur. Aussi, pour le
besoin du spectacle, les commentateurs, professionnels comme amateurs,
ont opté - une nouvelle fois - pour la simplification. Jeudi soir,
ce sera donc au menu " Extrême droite VS Extrême gauche".
C'est simple à comprendre. Plus direct, plus clivant et surtout plus
vendeur.
- Ensuite, l'affiche,
attractive au possible, présente 2 "très bons clients",
connus face caméra pour leurs outrances, leurs gestuelles et leurs
petites phrases assassines pour prendre l'ascendant psychologique sur
l'adversaire. Condamnés à plusieurs reprises, Zemmour et
Mélenchon, comparés à E. Macron ou X. Bertrand, feront même à
l'écran office, de "bad boys". Toutefois, si leurs
discours diffèrent sensiblement, ces "jumeaux du populisme"
se retrouveront sur leur propension à se victimiser, accuser et
dénoncer le système dont ils sont pourtant issus, l'un comme
l'autre.
- Enfin, l'affiche,
attendue au possible s'appuie sur 2 solides communautés de "fans"
qui, sur les réseaux sociaux, sont chargés jusqu'à jeudi 20h45 de
réussir ce qu'on appelle "l'avant- match" : c'est-à-dire
mettre l'ambiance et la pression, alimenter les pronostics et assurer
le "trash-talking "préalable, indispensable à la réussite
de n'importe quel gala de boxe. Du pain béni pour BFM TV (en
lieu et place de CNews) qui pourra ainsi bénéficier d'une promo
continue jusqu'à l'entrée dans l'arène des nouveaux gladiateurs.
Comme pour le football, jeudi
soir, ce sera du spectacle, du spectacle, du spectacle. L'écran ne présente et ne sait faire
rien d'autre, de toute façon.
François Belley
http://francoisbelley.fr