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mercredi 1 septembre 2021

La mort de la parole politique.


La parole politique est morte, en témoignent
notamment l'abstention record des dernières régionales (66,7%) ou les mouvements aussi symptomatiques que révélateurs que ceux des "anti-vax" ou des "anti-pass" qui traduisent aussi une défiance de principe à l'égard des "élites", qu'elles soient ici big-pharmaceutiques ou politiques. Aujourd'hui, c'est un fait : on ne croit plus l'Homme politique, comme on ne croit plus en l'Homme de pouvoir, qu'il soit journaliste ou éditorialiste, scientifique ou épidémiologiste de plateau. Au mieux, la parole du politique est inaudible. Au pire, elle se retrouve rejetée, de facto. Pour résumer donc, on ne vote plus pour le politique. Et, on ne le croit plus. Bientôt, et ce en dépit des échéances électorales à venir, on ne l'écoutera même plus. Signe du manque de confiance des Français à l'égard du personnel politique, le dernier baromètre annuel du Cevipof est à ce propos sans appel. On y apprend par exemple que les Français, " lassés " pour 41% d'entre eux, se sentent " méfiants " (pour 39%) à l'égard de "la politique". Pis, qu'ils en ressentent (pour 23% d'entre eux)  du "dégoût". Retenons aussi que selon cette étude, seuls... 4% des Français ressentent du "respect" à l'évocation du mot "politique". 

Bien sûr, le premier responsable de la désacralisation de la parole politique reste le politique lui-même qui paye cash aujourd'hui des années d'affaires et de cynisme, de calculs et d'opportunisme, de sur-promesse et d'inaction, de mise en scène et d'ultra-com. Forcément, les affaires " Cahuzac ", " Balkany " ou " Sarkozy " (pour n'en citer que quelques unes) finissent un jour par laisser des traces dans l'opinion tout comme les démonstrations de "politique-spectacle" d'E. Macron, J-M. Blanquer ou M. Schiappa, après celles de S. Royal, A. Montebourg ou de NKM, entraînés par les mêmes professionnels de la communication à faire le show, à travers l'agitation, la confession ou l'émotion.

Toutefois, les médias avec leur force de frappe ont aussi leur part de responsabilité dans la faillite d'un politique discrédité depuis des années par des "Unes de presse" tapageuses conçues d'abord pour le buzz, le spectacle et l'audimat. Quand par voie de presse et d'affichage en effet, les médias traitent publiquement le politique de " voyous " et d'" hypocrites ", de " nuls " et de " stagiaires ", de " faibles " et de " cumulards ", de "tricheurs " et de " menteurs ", comment voulez-vous qu'à terme la population exposée au matraquage publicitaire ne finisse pas par ne pas les croire ? C'est comme ça : la force de la couverture et l'effet de répétition du message sont tels que vous ne pouvez échapper à la disqualification puis à la dévente du produit politique que la même presse nous a préalablement vendu, quelques mois auparavant.

Ainsi, à la veille de la campagne présidentielle propre aux effets d'annonces et aux grandes promesses, jamais la défiance à l'égard du personnel politique (à gauche comme à droite) n'aura été aussi forte. Dans les urnes, la donne est nouvelle : la situation inédite. Aussi, puisque la parole politique est morte, quid de celui qui se présenterait aujourd'hui comme "l'anti-politique" ? Serait-il plus écouté et plus suivi par les abstentionnistes, les a-politiques ou encore les votes blancs, ceux qui ne comptent pas mais qui peuvent tout à coup faire basculer une élection ? Pour 2022, c'est le scénario le plus probable qui se trame. Souvenons-nous nous de l'homme d'affaires D. Trump ou de l'humoriste V. Zelensky, devenus tous deux présidents.

Le politique et sa parole sont en crise pendant que la société du spectacle, elle, vit son âge d'or. Le scénario semble écrit.

François Belley

http://francoisbelley.fr

Unes de presse sur le "personnel politique" et cas d'école de " politique spectacle " :