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lundi 20 septembre 2021

L' ère de la " politique-game ".


Dans la société du spectacle, il faut des "rivalités", des "duels" et des "chocs" que l'on construit de toutes pièces pour maintenir le degré d'intérêt et d'attention du télé-consommateur.

Pensées dans un seul but (le business : soit la vente, soit le vote !), ces mécanismes se retrouvent aujourd'hui partout : dans le Football (PSG/OM, Real/Barça...), la musique (NTM/Iam, Booba/Kaaris...), le jeu vidéo (Sega/Nintendo, Call of Duty/Battle field...) ou les marques commerciales (Microsoft et Sony) : des "rivalités" et des "antagonismes" que l'on sait - le moment venu - renouveler pour le besoin du show permanent. Prévisible, le libéralisme spectaculaire est ainsi : là où il y a un marché, le système met en place un "duel" factice, une "opposition" de façade et un "clash" cartonné. Très souvent d'ailleurs, en coulisses, non seulement les parties se connaissent mais elles se mettent aussi parfois d'accord sur le script de la "confrontation-spectacle" à livrer, au grand dam des supporters, des fans ou des militants sincères, victimes de ce gigantesque cirque.

Pour continuer à rendre attractif la discipline, booster la notoriété et la part de marchés de ses principaux acteurs, le spectacle politique reprend aujourd'hui les grands principes du " rap game ", construit sur des personnages et des postures, de la compétition et des battles, des clash et du jeu, que l'on insère stratégiquement dans un plan de promo.

Programmé et présenté comme un "événement" par la chaîne BFM TV (concurrente directe de CNews), le débat "Zemmour VS Mélenchon", prévu ce jeudi soir sous forme de battle, comporte ici toutes les composante du "game" qui plait tant au public.

- D'abord, l'affiche, binaire au possible, présente 2 personnages au positionnement facilement identifiable par le conso-spectacteur. Aussi, pour le besoin du spectacle, les commentateurs, professionnels comme amateurs, ont opté - une nouvelle fois - pour la simplification. Jeudi soir, ce sera donc au menu " Extrême droite VS Extrême gauche". C'est simple à comprendre. Plus direct, plus clivant et surtout plus vendeur.

- Ensuite, l'affiche, attractive au possible, présente 2 "très bons clients", connus face caméra pour leurs outrances, leurs gestuelles et leurs petites phrases assassines pour prendre l'ascendant psychologique sur l'adversaire. Condamnés à plusieurs reprises, Zemmour et Mélenchon, comparés à E. Macron ou X. Bertrand, feront même à l'écran office, de "bad boys". Toutefois, si leurs discours diffèrent sensiblement, ces "jumeaux du populisme" se retrouveront sur leur propension à se victimiser, accuser et dénoncer le système dont ils sont pourtant issus, l'un comme l'autre.

- Enfin, l'affiche, attendue au possible s'appuie sur 2 solides communautés de "fans" qui, sur les réseaux sociaux, sont chargés jusqu'à jeudi 20h45 de réussir ce qu'on appelle "l'avant- match" : c'est-à-dire mettre l'ambiance et la pression, alimenter les pronostics et assurer le "trash-talking "préalable, indispensable à la réussite de n'importe quel gala de boxe. Du pain béni pour BFM TV (en lieu et place de CNews) qui pourra ainsi bénéficier d'une promo continue jusqu'à l'entrée dans l'arène des nouveaux gladiateurs.

Comme pour le football, jeudi soir, ce sera du spectacle, du spectacle, du spectacle. L'écran ne présente et ne sait faire rien d'autre, de toute façon.

François Belley

http://francoisbelley.fr