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lundi 12 juillet 2021

Les « petits candidats » : composante majeure du folklore électoral.

 

Le « petit candidat » est d’abord une formule médiatique qui réduit l’aspirant-Présidentiable à un pourcentage d'intentions de vote, estimé généralement entre de 0,5 à 5% des suffrages exprimés. Si cette classification sémantique discrimine, disqualifie a priori et fausse le jeu démocratique de la campagne, elle induit surtout la présence des « grands candidats » : comprendre, ceux qui sont connus du grand public et invités à débattre sur les plateaux, testés dans les sondages et retenus comme hypothèse "possible" pour le second tour.

Réduits à la faiblesse de leurs scores présumés, les « petits candidats » relégués par les médias au rôle d’intrus, de figurant ou de trublion, se retrouvent alors par leur statut, contraints de sortir du lot, crier, bousculer et provoquer sans cesse, au risque de devenir inévitablement par un excès de forme, la caution animation de l’élection.

Embauchés à court terme, les « petits candidats » comme intermittents du spectacle, sont une composante majeure du folklore électoral. Souvent autonomes, en dehors des partis, ils sont le levain qui fait monter le niveau du divertissement. Au contact des leaders et professionnels du champ politique, ils agissent comme du poil à gratter, parfois aussi comme des rongeurs de voix, et ce malgré la pression en faveur du « vote utile ». Pour autant, leur rôle est essentiellement de relever le débat, pimenter la campagne et irriter la séquence par le biais de la proposition-choc ou de la petite phrase, du happening ou de la polémique de situation.

« Les petits candidats » pour certains fantaisistes, peuvent venir de la sphère politique mais également de la société civile, de la littérature, du sport, de la télé-réalité ou du monde de la chanson. Sur la scène du spectacle politique, tout le monde est le bienvenu. Aux yeux du conso-électeur, « les petits candidats», qui s’inscrivent dans la logique de profusion chère à la société du cumul et du nombre, renforcent l'illusion du choix dans la présentation de l’offre politique. La stratégie du casting élargi donne en effet l’impression d’une hétérogénéité des candidats et le sentiment d’un pluralisme politique, la sensation d’une diversité d’opinions et de courants : soit l’assurance d’une bonne santé démocratique. Ce n’est pourtant qu’un leurre.

Si le système spectaculaire encourage bien chaque citoyen à devenir un postulant potentiel à la fonction suprême par la notoriété et l’image qu’offre en retour l’effet de candidature, il ne braque in fine ses projecteurs que sur les ténors à deux chiffres, ne concentre son attention finalement que sur l’inévitable « duel médiatico-politique » préalablement vendu à l’opinion et duquel on doit par "crédibilité", "sérieux" et "cohérence", absolument sortir le vainqueur. 

François Belley

http://francoisbelley.fr