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vendredi 19 novembre 2021

L’effet déformant des chaînes d’info.


La télévision comme canal historique de diffusion de la politique-spectacle a un pouvoir inégalitaire : elle rend en apparence plus « intelligent » et plus « grand », plus « puissant », plus « beau » et plus « influent » ceux qui y passent plutôt que ceux qui la regardent. La télévision est ainsi. Elle déforme la réalité, la maquille souvent aussi parfois, même grossièrement.

Ce n’est un secret pour personne. Depuis toujours, la télévision fait « le » et « la » politique. C’est elle qui construit encore les personnages, raconte les histoires, installe les thèmes, les personnalités et les candidats qu’elle finit par imposer comme une tendance voire une évidence, par un effet de répétition et de grossissement.

La télévision aujourd’hui, à travers notamment l’omniprésence des chaînes en continu, est avant tout une fabrique d’images et d’opinion, de notoriété et de popularité. Ainsi, qu’il s’agisse d’un politique (Macron, Zemmour…) ou d’un thème de campagne (immigration, écologie, made in France...), un « bon » produit doit passer à la télévision, passer et repasser non-stop sur les chaînes d’information jusqu’à ce que le dit produit, marketé par des professionnels, finisse par rentrer dans la tête du conso-citoyen. Pour le consommateur habitué aux marques du petit écran, le « vu et revu à la télé » institutionnalise et rassure. En apparence, il constitue encore un gage de sécurité, de crédibilité et de légitimité. La séquence extensible de la pandémie, à travers notamment l’intervention en boucle de nombreux apprentis-médecins, continue de le démontrer chaque jour.

À la manière du "fait divers" et de "la polémique", du "débat" ou de "l’affaire", tout personnage politique se construit de manière cathodique avec des images fortes, des émotions vives, des plans rythmés, des séquences travaillées et surtout une fréquence d’apparition dans l'écran, qui n'a rien de petit. 

Tenue, sourire, gestuels, mimiques, regard, mains, style vestimentaire, apparence, élocution, voix, débit: à la télévision, le message passe d’abord par l’image. Alors le politique qui suit docilement les normes médiatiques imposées par l'écran s’entraîne à regarder droit une caméra, à contenir son stress, à formuler un message, à faire court, clair et concret pour apparaître au mieux. Chez le politique-cathodique, la moindre anomalie est corrigée, les traits de personnalités gommés ou amplifiés parfois pour entrer dans le format télégénique et faire du politique un « bon client » comme les autres.

La télévision, à travers notamment les chaînes d’info et leur talk-show, ont formaté le politique, l’ont moulé médiatiquement : autrement dit, l’ont préparé pour le spectacle de l’écran. Pour qu'à la veille de la campagne présidentielle, le "produit politique" soit tout à fait mûr, c'est-à-dire prêt à être consommé. 

François Belley

http://francoisbelley.fr