La
déclaration de candidature est le faire-part médiatique du
candidat, celui qui dans le plan de communication, doit créer
l’événement, propulser le « produit » en trendtopic et
entretenir le vedettariat, condition sine qua none pour exister
aujourd’hui dans le monde du « vu ».
Dans
le spectacle politique, «
candidater » fait partie intégrante de la stratégie marketing. Par
son effet d’annonce, la candidature permet en effet d’entrer
aussitôt dans le jeu médiatique, de déclencher des papiers et de
générer des interviews,
autrement dit de bénéficier d’un temps de parole précieux.
Synonyme d’une couverture presse à moindre coût, la déclaration
de candidature constitue pour le professionnel ou non de la
politique, un moyen simple et rapide pour se faire connaître.
Aussi,
qu’elle s’inscrive dans le cadre d’une première candidature ou
d’un renouvellement de mandat, la déclaration de candidature doit
créer la surprise (par le timing, la forme et le cadre de
l’annonce), être cohérente (eu égard au statut et à la
dynamique du moment) et s’inscrire dans un projet d’avenir (à
l’appui d’une idée, d’une vision ou d’une ligne
programmatique).
Réélue
sans surprise à la tête la Région Île-de-France en juin dernier,
Valérie Pécresse a donc annoncé hier sa volonté de devenir
candidate pour « pour restaurer la fierté française ».
Et
force est de reconnaître que Valérie a complètement raté son
entrée en scène.
- D’abord, le
sens du timing :
Le
jour même des débats et du vote à l’Assemblée sur l’extension
du pass sanitaire, Valérie Pécresse se déclare au plus mauvais
moment : c’est-à-dire dans une séquence, on ne peut plus
spectaculaire, qui oppose les « pro » et les « anti-vax ». De
l'audimat pur ! Dans
ce contexte, l’information de la candidature du "produit
Pécresse" ne peut espérer
rivaliser et intéresser
la sphère social-médiatique. Ses conseillers (qu’on imagine
nombreux autour
d'elle H24)
n’ont pas su ou
pu lui
suggérer
de reporter ce premier acte. Première erreur.
- Ensuite, le
manque de « surprise » :
Après
la candidature de Xavier Bertrand (l’autre Président de Région
réélu
en juin) opérée dans les médias 3 semaines plus tôt, c’est donc
un autre ténor de chez « LR » qui se présente à son
tour. Comme hier celle de X. Bertrand ou demain celle de L. Wauquiez,
la candidature de Pécresse est donc
apparue
comme téléphonée, au-delà du fait qu’elle puisse aussi, par
l’ego et l’esprit de division qu’elle suscite naturellement, alimenter le
sentiment de politique politicienne, soit tout ce que les Français
adorent.
- Enfin, la forme
trop classique ;
À
l’ère du Tout-numérique,
V.
Pécresse
a opté pour le JT de 20heures sur TF1 : soit pour la « piste »
la moins originale et la plus attendue. Là où pour ce premier acte,
elle aurait dû apparaître comme un produit moderne et neuf, Pécresse
s’est montrée comme une candidate classique et frileuse. Comme L.
Jospin en 2002, elle aurait pu quand même envoyer un fax à l’AFP. La
déclaration de candidature de Pécresse : c'est l'art de faire d'un
événement un non-événement. Valérie,
on n'a pas deux fois la chance de faire une bonne première impression.
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François Belley
http://francoisbelley.fr