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samedi 20 novembre 2021

Le zoom sur la « poignée de mains ».

La poignée de mains illustre l'état du climat, le rapport de forces voire le bras de fer entre politiques.

Vigoureuse, historique, manquée ou carrément absente : la poignée de mains entre politiques fait toujours l’objet de gros plans de la part des médias, de décryptages d’experts en langage corporel et de commentaires sur les réseaux sociaux.

Symbole de paix et de diplomatie, de tensions et de puissance, de moment de vérité aussi, la poignée de mains politique se trouve toujours sur-interprétée par de la sphère journalistique obsédé par la politique en gros plan et la forme des rencontres.

Le serrement de mains est la première image de la diplomatie-spectacle qui s’illustre par une photo historique, un dîner au sommet, une visite dans un château, un déjeuner en tête-à-tête médiatique.

Dans le spectacle politique, la poignée de main constitue donc une image forte, un moment de télévision,  un rendez-vous médiatique vu, revue et commenté le temps de la séquence.

François Belley

http://francoisbelley.fr


vendredi 3 septembre 2021

" À la rencontre des Français ! " : classique de la com-spectacle.


"À la rencontre des Français ! " : à la veille de l'élection présidentielle, d'E. Macron à E. Zemmour, en passant par X. Bertrand, V. Pécresse ou A. Hidalgo : ils y vont tous. A pied, en train ou à bicyclette, les candidats déclarés ou probables commencent les uns après les autres à opérer sous l’œil des caméras, les premières descentes dans la vie réelle : l'enclos des vraies gens. Pour certains d'entre eux comme S. Rousseau,
candidate à la primaire écologiste, ils vont même jusqu'à dormir carrément chez l'habitant... afin de vivre comme lui. Curieuse expérience !

De VGE et ses causeries "au coin du feu" au "tête-à-tête" de F. Hollande avec mamie Lucette : aller à la rencontre des Français" est un grand classique de la com-spectacle : une étape incontournable pour tout candidat "sérieux " qui, avant de proposer un quelconque programme, se doit de commencer par "écouter" , "comprendre" et "consulter". Autrement dit,  s'inscrire dans une démarche "démocratique", "participative" ou "collective". Au choix. 

Sur le papier, le voyage aller-retour dans le réel est censé permettre au candidat-spectacle, par une pratique furtive du quotidien, de sentir le pouls de la société, prendre conscience des réalités pour mieux comprendre les enjeux. Minutieusement préparés par les équipes de communication, ces incursions dans la vie réelle ne sont en réalité que du spectacle. En effet, elles visent essentiellement 3 objectifs :

1- créer de belles images, illustrant la proximité, le naturel et la normalité du candidat-miroir, à l'aise avec son semblable ;

2- démontrer le lien toujours existant du candidat avec le monde réel ;

3- créer l'événement, attirer l'attention des journalistes pour faire tomber des "papiers", soit autant de matières et de contenus pour continuer à exister sur le marché ;

Aussi, que le candidat-spectacle aille dans une cité au nord de Marseille, sur un marché de province ou dans une ferme agricole, il cherche in fine toujours à cocher les mêmes cases d'image, de popularité et de notoriété. " Aller à la rencontre des Français " est un grand classique de la com-spectacle. Pour le politique, le dire face caméra montre de fait une évidente déconnexion avec le réel.

François Belley

http://francoisbelley.fr

 Illustration de la com-spectacle avec la députée des Yvelines, Aurore Bergé



lundi 23 août 2021

La rentrée ( DE LA COM ! ) politique.


Ça y est,
c’est reparti ! Après une courte pause estivale (pour les moins accros) sans caméras ni micros, les politiques, candidats déclarés, probables ou à venir, ré-apparaissent tous en même temps à l’écran bruyant du spectacle.

« Université d'été », « rassemblement populaire » ou « convention » ; « banquet républicain », « fête de la Rose » ou « barbecue citoyen » : la rentrée politique, organisée en province, si possible dans un petit village pour des raisons d'image, constitue à 8 mois du 1er tour de la présidentielle, une fenêtre de tir médiatique : l’acte 1 d’un plan de com bien rôdé pour le candidat, petit ou grand, venu renforcer loin de Paris son capital « sympathie » et améliorer ainsi ses items d’image dans les futures enquêtes d’opinion.

Pour Zemmour, Pécresse ou Wauquiez ; Jadot, Bayou ou Rousseau ; Hidalgo, Montebourg ou Mélenchon en quête de souffle, de retombées presse et de « présidentiabilité » : l’objectif est le même. Dans ces exercices d’apparitions et de déambulations face caméras, il s’agit d’abord de bien « paraître » : paraître sympa, drôle et proche ; dynamique, crédible et déterminé. Ainsi, dans cette revue de style, la main sur l’épaule est obligatoire ; les traits d’humour attendus et la petite blague conseillée. Pour le politique censé représenter l’ensemble des Français, il convient à l’écran d’être « bien perçu » : perçu comme « à l’aise » quand il convient d’échanger avec des jeunes ; perçu comme « naturel » quand il s’agit de manger sur le pouce avec les doigts ou des couverts de fortune ; perçu comme « authentique » quand il faut lever le verre et pousser la chansonnette avec la langue du coin.

En vue des primaires et de la campagne présidentielle, la rentrée du médiatico-politique en tenue décontractée vise surtout à démontrer la force et la forme du candidat, à afficher ses soutiens, ses fans et ses équipes, à s'imposer (selon la stratégie) comme le candidat naturel ou le chef de file, le challenger, le premier opposant ou la future surprise de l’élection à venir.

Moyen d'exister facilement sur le compte d'un parti, d’un mouvement ou d’un collectif, la rentrée politique n’est au fond qu’une bataille d’images entre futures présidentiables dont l’objectif (comme tout au long de l’année) est ni plus ni moins que l’OPA sur les gros titres, le trendtopic et le JT de 20 heures. D’où l’omniprésence dans cette séquence des discours, des punchlines et des coups de com.

Faute d’actualité et d’histoire à raconter, la rentrée politique (qui profite essentiellement du vide médiatique de la fin août) bénéficie, historiquement, toujours d’une couverture presse largement supérieure à son intérêt politique.  Vous le constaterez aisément semaine prochaine. A gauche comme à droite, rien ne sortira de ces rendez-vous où l’on retiendra davantage les teints hâlés que les idées, les petites phrases que les visions, les chemises ouvertes que le contenu même de ces rassemblements spectaculaires mis en place d’abord pour l'ego, l’image et le son.

François Belley

http://francoisbelley.fr

vendredi 23 juillet 2021

La 1ère grosse erreur de Valérie Pécresse.


La déclaration de candidature est le faire-part médiatique du candidat, celui qui dans le plan de communication, doit créer l’événement, propulser le « produit » en trendtopic et entretenir le vedettariat, condition sine qua none pour exister aujourd’hui dans le monde du « vu ».

Dans le spectacle politique, « candidater » fait partie intégrante de la stratégie marketing. Par son effet d’annonce, la candidature permet en effet d’entrer aussitôt dans le jeu médiatique, de déclencher des papiers et de générer des interviews, autrement dit de bénéficier d’un temps de parole précieux. Synonyme d’une couverture presse à moindre coût, la déclaration de candidature constitue pour le professionnel ou non de la politique, un moyen simple et rapide pour se faire connaître.

Aussi, qu’elle s’inscrive dans le cadre d’une première candidature ou d’un renouvellement de mandat, la déclaration de candidature doit créer la surprise (par le timing, la forme et le cadre de l’annonce), être cohérente (eu égard au statut et à la dynamique du moment) et s’inscrire dans un projet d’avenir (à l’appui d’une idée, d’une vision ou d’une ligne programmatique).

Réélue sans surprise à la tête la Région Île-de-France en juin dernier, Valérie Pécresse a donc annoncé hier sa volonté de devenir candidate pour « pour restaurer la fierté française ». Et force est de reconnaître que Valérie a complètement raté son entrée en scène.

- D’abord, le sens du timing :

Le jour même des débats et du vote à l’Assemblée sur l’extension du pass sanitaire, Valérie Pécresse se déclare au plus mauvais moment : c’est-à-dire dans une séquence, on ne peut plus spectaculaire, qui oppose les « pro » et les « anti-vax ». De l'audimat pur ! Dans ce contexte, l’information de la candidature du "produit Pécresse" ne peut espérer rivaliser et intéresser la sphère social-médiatique. Ses conseillers (qu’on imagine nombreux autour d'elle H24) n’ont pas su ou pu lui suggérer de reporter ce premier acte. Première erreur.

- Ensuite, le manque de « surprise » :

Après la candidature de Xavier Bertrand (l’autre Président de Région réélu en juin) opérée dans les médias 3 semaines plus tôt, c’est donc un autre ténor de chez « LR » qui se présente à son tour. Comme hier celle de X. Bertrand ou demain celle de L. Wauquiez, la candidature de Pécresse est donc apparue comme téléphonée, au-delà du fait qu’elle puisse aussi, par l’ego et l’esprit de division qu’elle suscite naturellement, alimenter le sentiment de politique politicienne, soit tout ce que les Français adorent.

- Enfin, la forme trop classique ;

À l’ère du Tout-numérique, V. Pécresse a opté pour le JT de 20heures sur TF1 : soit pour la « piste » la moins originale et la plus attendue. Là où pour ce premier acte, elle aurait dû apparaître comme un produit moderne et neuf, Pécresse s’est montrée comme une candidate classique et frileuse. Comme L. Jospin en 2002, elle aurait pu quand même envoyer un fax à l’AFP. La déclaration de candidature de Pécresse : c'est l'art de faire d'un événement un non-événement. Valérie, on n'a pas deux fois la chance de faire une bonne première impression.

You lose. Insert coins to continue.

François Belley

http://francoisbelley.fr


mardi 6 juillet 2021

Le turn-over politique par la logique de marque.

En politique comme dans les médias ou le sport de haut-niveau, lorsque les résultats ne sont pas au rendez-vous, que les têtes ne reviennent plus, les voix deviennent inaudibles et que les couacs s’accumulent, vient inéluctablement la question dite du « renouvellement » du chef de file, du présentateur ou encore du sélectionneur.

Or, dans nos sociétés médiatiques, le renouvellement est d’abord un changement d’image, censé par l’apparition de nouvelles têtes dans l’écran du spectacle, vendre au public une « dynamique nouvelle », créer « un nouveau souffle » et opérer « un changement de cap ».

Le renouvellement dans l’annonce, la mise en scène et les faits est un acte de communication : un message envoyé à celui qui conteste la gouvernance du moment, l’efficacité de l’action et la légitimité à l’instant T. Aussi, le changement n’est  qu’une affaire de visuel et d’emballage, davantage un enjeu de personnalités que d’idées, de marketing que d’orientations politiques, de notoriété acquise que de compétences reconnues.

Pour ré-assurer l’opinion, le médiatico-politique s’inscrit dans une logique de marque, d’image et de coups politiques. Symbole du monde-marchand, « la marque politique » par sa notoriété, son positionnement et sa force d’évocations est encore un gage de qualité : une garantie qui rassure et sert de repère au consommateur-électeur. Alors, dans le cadre du turn-over politique propre au temps électoral, le politique choisit « un nom » et retient « un visage », mise sur une « une notoriété », fait le choix « du style », achète « une star » de l'écran. C'est  "Ségolène Royal" en son temps, "Nicolas Hulot" ou récemment "Eric Dupont-Moretti". 

La marque politique à travers « une personnalité exceptionnelle », une « figure ultra-médiatique » ou encore une « côte de popularité » constitue le sujet d’attraction de l’ère spectaculaire, l’objet de contemplations et le sujet de discussions de la politique-spectacle.

Les Hommes politiques sont des marques définitivement, des icônes de grande consommation, des sujets de fétichisation dont chaque face du packaging, jusqu’à la dernière ligne des caractéristiques-produit, doit attirer l’œil des médis comme du conso-électeur.

Cette colonisation du champ politique par la logique de marque signe par K.O la victoire du marketing sur le monde des idées. Aujourd’hui hélas, « la marque-personne » se retrouve partout, en premier lieu sur les réseaux sociaux où chacun des acteurs pour séduire et persuader, soulever l’adhésion et se vendre, passe par le filtre de la mise en scène, du branding et de la recherche d’une valeur ajoutée sur le marché pour exister, en vain, dans le monde de l’hyper-choix.  Politique Spectacle.

François Belley 

http://francoisbelley.fr