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vendredi 10 septembre 2021

La campagne "détournée" d'Eric Zemmour.


Eric Zemmour est un excellent communicant. Il est même, au sein de l'offre politique actuelle, le spécialiste des médias. Aussi, en bon stratège du PAF qu'il est, il continue, à propos de son (hypothétique) candidature à l'élection présidentielle, d'entretenir le flou pour entretenir la flamme. Car mieux que quiconque, Eric Zemmour sait que laisser planer le doute sur ses intentions, jouer avec la rumeur, se dire « intéressé » tout en écartant, habilement de l’ordre du jour la question posée sur ses ambitions personnelles contribue à maintenir sur lui l’attention des médias, du public et de ses concurrents.

« Se présentera-t-il ? », « Se déclarera-t-il ? », « Se lancera-t-il ? » : le vrai-faux suspense médiatique propre à tout bon récit est en effet un moyen facile de faire monter les enchères, laisser les débats se faire et les publications envahir les réseaux sociaux comme les moteurs de recherche. Ainsi, contrairement à X. Bertrand, V. Pécresse ou encore A. Hidalgo, E. Zemmour attend stratégiquement son heure. Pour autant, Zemmour est omniprésent dans les médias, les débats, au CSA, sur Amazon et bientôt dans les librairies.

En réalité, Eric Zemmour est évidemment candidat à l'élection présidentielle mais un candidat outsider qui, par son statut, a opté pour une campagne différente de celles pratiquées habituellement par les professionnels de la politique. Chez Eric Zemmour et ses disciples-communicants, sur CNews ou ailleurs, le discours est clair et le propos dénué d’ambiguïtés.

Non, Zemmour n'est pas candidat : il est écrivain-éditorialiste.

Non, Zemmour n'est pas en campagne : il est en promotion de son livre. 

Non, Zemmour n'est pas à la rencontre des Français : il est avec ses lecteurs.

Non, Zemmour n'a pas présenté son slogan de campagne : il a simplement dévoilé le titre de son dernier essai " La France n'a pas dit son dernier mot ".

A ce titre, la couverture (publiée hier) du dernier livre d'Eric Zemmour dit tout de sa stratégie de communication détournée. Car la couverture de son livre est en réalité ni plus ni moins que son affiche "officielle" de campagne : une affiche directe, elle sans ambiguïtés sur l'intention, la promesse et l'ambition de l'auteur-candidat qui comme l'indique le slogan s'apprête à livrer bataille.

Stratège, Eric Zemmour, l'éditeur cette fois, a détourné les contraintes de l'affiche politique classique, celle qui par exemple interdit notamment dans la composition toute utilisation du "bleu-blanc-rouge". Par le biais de son livre auto-édité chez Rubempré, Eric Zemmour a donc passé outre les contraintes de fond et de forme pour s'offrir l'affiche de campagne de son choix.

Puisque la couverture du livre d'Eric Zemmour est d'abord son affiche de campagne, elle méritait ici d'être à sa juste place, c'est-à-dire sur un panneau électoral.

François Belley

http://francoisbelley.fr

lundi 6 septembre 2021

" La Remontada " ou la victoire de la pub !


A. Montebourg aime la com', la mise en scène et la pub. Son histoire en tant que Ministre de l'Economie, candidat à la primaire socialiste ou entrepreneur le prouve. L'Homme-marque aime les coups d'éclat. Il a l'instinct publicitaire : c'est une évidence.

Ce week-end, A. Montebourg (comme à peu près maintenant tout le monde sur le marché politique) a donc présenté sa candidature à l'élection présidentielle, à travers son slogan de campagne "La Remontada ", en référence à la désormais célèbre remontée du FC Barcelone contre le PSG (mars 2017). Entré dans la dictionnaire, le mot est devenu depuis un classique dans l'univers footballistique et évidemment commercial.

Aujourd'hui, la logique publicitaire, opportunisme par nature, détourne le concept de "Remontada" pour vendre un candidat. Et l'objectif recherché est largement atteint. Puisque cela faisait bien longtemps qu'un simple slogan n'avait pas fait autant parlé. Durant 2 jours en effet, le concept de "Remontada" décliné pour "l'industrie", "les salaires", "la planète", "les territoires " et "la République" a cristallisé les passions, animé les réseaux sociaux et occupé à peu près l'ensemble des commentateurs de la vie politique. Là où les signatures-produits de JL. Mélenchon et de F. Roussel, de X. Bertrand ou encore de V. Pécresse sont passées aux yeux du grand public comme un bateau dans la nuit, la "Remontada" a créé l'événement. Deux mots auront donc suffi pour déclencher la réaction et faire passer un message, véhiculer une promesse et installer un cap vers 2027

En publicité, le slogan comme formule du spectacle est conçu pour entrer dans la tête du consommateur. Qu'importe si l'accroche choisie est "pathétique" pour les uns ou "artificielle" pour les autres, le slogan ne passe pas inaperçu. A. Montebourg a choisi cette piste créative justement pour ça. Non par justesse mais pour son potentiel de viralité. 

Qu'il soit issu d'une agence de pub, d'un conseiller ou d'A. Montebourg himself, le candidat à la "Remontada" a donc fait le choix du décalage. Il a aussi de fait, fait monter les enchères du slogan politique (donc du spectacle politique), en premier lieu chez les petits candidats, qui devraient sans surprise opter eux-aussi pour la voie de la pub et de l'originalité, pour une place dans le trendtopic. Et ainsi continuer la marchandisation de l'Homme politique, via un marketing désormais décomplexé.

François Belley

http://francoisbelley.fr

 Mise en scène d'A. Montebourg : l'Homme-sandwich.