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dimanche 5 décembre 2021

LE POLITIQUE : 1er PRODUCTEUR DE SPECTACLES.


À l’image du premier meeting de Zemmour (avec les images de la salle chauffée, le zoom sur l’arrivée des soutiens, l’entrée en scène de l’acteur, les applaudissements, les drapeaux et les punchlines, les jets de chaises, les coups de poings, de pieds et de ceintures en direct), le meeting politique est devenu un spectacle comme un autre.

Le meeting politique ne vise évidemment pas à convaincre les militants, déjà convaincus des promesses de l’homme providentiel mais d’impressionner le grand public avec des paroles et des images fortes. Retranmis en direct sur les chaînes d’info en continu (parfois même sur des généralistes), le meeting, avec des “images fournies par l'équipe du candidat” sont du contenu-spectacle que l’on livre aux conso-spectacteurs. Cette mention, imbriquée dans l’écran du spectacle, n’a rien d’anodin. Car elle fait définitivement du politique un producteur de spectacles.

Aussi, la mise en scène conçue pour le besoin du show se doit d'être impeccable. Dans cette fabrique du divertissement, le rôle du militant à qui l’on offre le matériel nécessaire pour faire du bruit constitue la pièce maîtresse d’un spectacle réussi. Indissociable du spectacle, le militant est discipliné. Il applaudit, crie, chante, hue, siffle, scande à la demande. Le temps du meeting, il joue le rôle d’ambianceur du politique. Il est à l’origine de la fabrique du son et de l’image : un élément de la scénographie, aussi important que le décor, la musique ou encore la lumière. Comme le politique, le militant est un producteur de divertissement, au service du spectacle politique.

François Belley

http://francoisbelley.fr

L’affiche de campagne : support du spectacle politique.


Support publicitaire qui vise à vendre le politique sans complexe avec une image et des mots. Rassembler son camp, aller au-dessus des clivages, faire proche du peuple, atténuer l’agressivité du candidat, gagner en crédibilité ou en présidentiabilité : l’affiche politique est conçue, comme dans l’univers des marques, pour mettre en lumière les attributs (vrais ou non) d’un produit de grande consommation. Pour attirer l’attention, gagner l’adhésion et déclencher le vote en faveur du politique, tout est pensé pour exprimer au mieux le positionnement et la valeur ajoutée : l’angle et le cadrage de la photo, le regard, le sourire, le costume, l’arrière-plan, le filtre, les vraies gens, la vraie vie aussi. Dans une affiche de campagne, tout n’est qu’une question de forme, de packaging, de naturel que l’on fabrique avec des professionnels du paraître, des apparences et de la représentation-produit pour sublimer l’image du candidat figée dans un moment de séduction, au plus près du plus grand nombre.

Avec l’image, le slogan est l’autre élément-clé d’une affiche de campagne. «  Impossible n’est pas Français », « Make American great again », « Yes we can », , « Faire plus pour ceux qui ont moins », « La France qui ose », « Ensemble tout est possible », « Le changement, c'est maintenant », « Sous les pavés la plage », « CRS SS », « Police Assassin » : qu'il vende un homme, un pays, une thématique, un candidat, un programme, un positionnement, un rassemblement, une colère, une manif, un soulèvement, un mouvement : le slogan doit marquer les esprits. Quelques mots seulement doivent suffire pour faire passer un message, véhiculer une promesse, qualifier un produit, imposer ou changer une image. Le slogan est fait pour être repris et décliné partout jusqu’au plus petit support visible du monde marchand. La force du slogan réside dans sa formulation spectaculaire et sa répétition. Le slogan, réduit aujourd'hui en un mot avec le hashtag, répond à l'instantanéité et au temps d’attention ultra-court de l'époque, qui se contente de lire le résumé. La politique comme souhaitée par le spectacle doit rentrer dans le format imposé des bandeaux des chaînes d’« info » et l’espace-réduit des réseaux sociaux. C'est pourquoi la politique se limite aujourd’hui à un nombre de signes très réduit, des formules et des petites phrases, suffisantes pour faire le show.

François Belley

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vendredi 19 novembre 2021

Le bon filon du made in France.


Thème classique des campagnes présidentielles, depuis les années 70. 

« Produisons Français », « Acheter Français », « Produire Français », « Protectionnisme industriel », « Patriotisme industriel », « Patriotisme économique » : le made in France est d’abord une affaire de sémantique qui doit correspondre au positionnement politique du candidat qui l’emploie. 

La thématique du made in France vient répondre à une double crise : la première industrielle marquée par les délocalisations et les fermetures d’usines ; la seconde identitaire, marquée par la remise en cause de la mondialisation et de l’Europe. 

Pour le politique, s’approprier la paternité du concept du Made in France permet de surfer sur la mode du local, d’afficher son patriotisme et de se réfugier, comme dans l’univers commercial, derrière un label « France », gage de qualité, de savoir-faire et d’authenticité. 

 La défense du « fabriqué en France » est une tendance : un AOP politique. Elle imprime dans l’opinion : le made in France est stratégique. Il se prête aux effets d’annonce, à la fabrique de l’image, aux mises en scènes, en enfilant ici et là un béret ou une marinière.

François Belley

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mardi 9 novembre 2021

De Gaulle : mètre-étalon de la politique.

Pour les médias comme pour les politiques, le temps commémoratif est aussi le temps de la célébration spectaculaire, celui du « vu » et du « à voir ». Bicentenaire de la Révolution française, centenaire de l’armistice, hommage à Jeanne d’Arc, appel du 18 juin, cinquantenaire de la mort du général de Gaulle : le rebond sur le calendrier permet au politique de s’approprier l’actualité et se sculpter une stature, faire passer des messages et récupérer à son compte l’Histoire avec ses symboles et ses forces d’évocations.

Le médiatico-politique aime jouer avec les dates, les lieux et la mémoire des grands Hommes comme il sait aussi jongler avec les chants et les discours, les chorégraphies et les minutes de silence : c’est le principe du marketing du souvenir, de la célébration et de l’hommage.

À l’instar des grands événements sportifs, il n’y a rien de mieux que « l’hommage » à vivre à travers l’écran du spectacle pour offrir à la population le moment de communion, les belles images et la dose d’émotions qu’elle attend. « Panthéonisation », « hommage national », « remise de médailles » ou de « badges de l’engagement », « applaudissements à 20h sur les balcons » : hier pour les héros de la Nation, les militaires, les policiers ou les sportifs, aujourd’hui pour ceux du quotidien, les soignants, les profs, les activistes et même les animaux, la distinction populaire comme prestige social, même à titre post-hume, n’échappe pas au diktat du visible spectaculaire.

À l’heure de la défiance presque totale à l’égard du politique, la commémoration (en lieu et place du meeting) s’impose au sein de la vie politique comme le dernier grand spectacle des émotions. Récompenser un geste héroïque, un engagement militant ou simplement l’incarnation d’une noble cause : pour le système spectaculaire, les honneurs doivent être avant tout médiatisés et suivre le processus de vente classique de la marchandise du « à voir ».

Cité de façon abusive dans les discours de droite comme de gauche, le Général de Gaulle est utilisé par le médiatico-politique essentiellement pour son image et sa force d’évocations. Dans l’inconscient collectif, le Général de Gaulle incarne la République. Il est l’image de l’appel du 18 juin, de la Résistance et de l’homme providentiel : soit la posture recherchée par tout Homme politique. Se référer au Général de Gaulle, c’est l’assurance de ne pas cliver l’électorat. C’est s’acheter une histoire et des valeurs, une morale aussi («Vous imaginez le général de Gaulle… ?»). Avec de Gaulle, le politique se réapproprie le roman historique. Il s’associe dans les mots à un type de leader politique qui n’existe plus aujourd’hui. Le Général de Gaulle est le mètre étalon de la politique.   

François Belley

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lundi 25 octobre 2021

La commedia dell'arte médiatico-politique.












Les Hommes politiques sont des acteurs comme les autres !

Dans le contrat tacite qu’ils signent avec leurs publics respectifs (classes populaires, csp+, jeunes, retraités...), les politiques doivent donc paraître « vrai » : c’est-à-dire jouer «l’authenticité » dans les mots, les gestes, les postures comme les combats menés. Selon la loi du théâtre, le bon comédien doit répondre à son devoir de représentation. Ainsi, le comique (tel Hanouna) se doit dêtre publiquement toujours drôle, l’opposant (Mélenchon) se montrer contre par principe et le polémiste (Zemmour) créer la controverse en permanence. Rester fidèle et conforme aux attributs distinctifs du personnage tel qu’il est perçu par les masses, voilà l’enjeu pour l’Homme de plateau.

Masque de la colère, de la révolte ou de l’indignation, masque de la compassion, de la victimisation ou de l’injustice, masque de l’opposition, de l’autorité ou encore de la proximité : l’apparition sur la scène social médiatique (plus largement dans l'écran du spectacle) demande le port obligatoire du masque théâtral. Symbole de la commedia dell' arte, plus largement du divertissement, le masque destiné à cacher, travestir, amuser ou à représenter un autre que soi efface la personnalité d’origine. Comme le maquillage ou le costume qui modifient l'apparence, il est l’outil de l’illusion. Le port du masque (utilisé ici dans son sens symbolique à travers le rôle joué devant la caméra de télévision ou de smartphone) transforme. Il fait entrer l’Homme de scène dans la peau du personnage qu'il joue. Il projette aussitôt dans l’identité d'acteur. Le temps de l’apparition-média, l'emprunt du « masque de » agit sur le comportement, conditionne la communication verbale et non verbale de celui venu pour brûler les planches.

En fonction du rôle attribué sur le plateau ou devant la caméra, l’invité du spectacle peut s'agiter sur sa chaise, parler avec son corps, appuyer le regard, élever le niveau de sa voix, froncer les sourcils et pointer du doigt son interlocuteur. L’invité du spectacle peut sourire, pleurer également si le personnage et son texte l’exigent. Comme dans la Tragédie, le masque doit être expressif. Le « masque de » dépend de l’actualité et du débat du jour, de l’offre disponible sur le marché des têtes spectaculaires, aussi de la production en charge de l’homogénéité et de l’explosivité du casting. Ainsi, l’indigné du jour n’est pas toujours celui de la veille ni celui du lendemain. Pour le besoin du spectacle, le masque se propose, s’accepte et se porte avec plus ou moins d’habilité, selon la qualité du texte, l’expérience de la scène, le niveau d’exigence et de préparation de l’acteur.

François Belley

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L' apogée de la politique spectacle.


Mesdames et Messieurs, le moment est historique. Ouvrez bien vos yeux et tendez bien l'oreille : nous allons vivre l'apogée de la politique spectacle !

Comme l'avait été Donald Trump en 2016 aux États-Unis, Éric Zemmour présenté par la presse comme un "phénomène" constituera la grande attraction de la présidentielle de 2022. Nouvelle illustration ce matin avec une énième scène de théâtre (politique) où dans une émission-concept " Face à la rue " présentée par Jean-Marc Morandini (journaliste people), Éric Zemmour (essayiste pas encore candidat) enlève sa cravate en direct pendant qu'une femme (anonyme qui ne l'est plus) ôte son voile ! Par son statut de non professionnel de la politique, le produit " Zemmour", forcément attractif dans les linéaires, sera donc celui autour duquel le spectacle politique de cette nouvelle élection va s'organiser. Aussi, chaque déplacement d'Éric Zemmour sera scruté ; chacune de ses déclarations commentée ; chacun de ses mots, faits et gestes sera débattu sur les plateaux télé. C'est lui et lui seul - c'est écrit - qui alimentera les séquences et fera l'actualité, créera les débats et les polémiques, garantira à la presse, les ventes et les audiences. Ce sera d'abord "la déclaration de candidature" puis "la course aux parrainage", "les ralliements" ou encore "les débats événement" à 2, 5 ou à 11 candidats : les séquences spectaculaires autour du "Z" sont d'ores et déjà inscrites dans le calendrier.

Mesdames et Messieurs, accrochez-vous ! Nous allons vivre l'apogée de la politique spectacle, celle qui placera plus que jamais la com et la forme, l'image et la personne au centre de tout.

Avec l'élection présidentielle " américaine" de 2022, nous allons vivre l'apogée de la politique spectacle pour trois raisons majeures :

- la première d'abord, parce que les réseaux sociaux (contrairement à 2012 puis à 2017) connaissent actuellement leur phase de maturité. L'annonce ces prochains jours du changement de nom de facebook est un marqueur. Aujourd'hui, les " Réseaux " connaissent en effet leur âge d'or, en termes d'offre, de fréquentations, d'audience comme de production. Aussi, cette présidentielle va être celle assurément du contenu numérique : des fake news, des trolls, des thread voire des deepfake. Mesdames et Messieurs, le spectacle sera numérique. Tout sortira des plateformes sociales et des smartphones : le bras armé du spectacle. Vous êtes prévenus.

- la seconde ensuite, parce que le casting pour cette édition n'a jamais été aussi pauvre. Sur la ligne de départ en effet, pas de leaders, pas de tribuns, pas d'hommes d'idées. Alors pour exister sur une scène politique devenue exclusivement médiatique, les candidats au spectacle (de Y. Jadot à A. Hidalgo en passant par X. Bertrand ou N. Dupont-Aignan..) vont multiplier d'ici avril 2022 les coups médias, les happenings et autre opérations de buzz et de guérilla-écran.

Mesdames et Messieurs, ne vous attendez donc pas à des débats de fonds et à une bataille d'idées mais à une course permanente à l'exposition et à l'excès, au trend topic, à l'alerte-info et aux bandeaux d'actualité.

- la troisième enfin, parce que le système social-médiatique dans son ensemble - de la plus confidentielle des chaîne Youtube aux chaînes d'informations en continu installées - voit dans cette séquence électorale une opportunité événementielle pour booster leurs audiences, leurs vues et leurs abonnés. Le spectacle du "politique" présenté sous toutes ses formes, "en live", "face à la rue", "dans l'intimité" ou "avec les Français" va pulluler. Les concepts (marketing) d'émissions autour des candidats vont fuser, se développer et se diffuser jusqu'à l'overdose à travers la société multi-écrans.

Sans compter que le combat sera également entre les médias, entre le privé et le public, entre Cnews et France Inter : un combat à distance aussi entre éditorialistes clivants, experts et animateurs volontairement hystériques pour le besoin du show.

Mesdames et Messieurs, le spectacle politique qui sera avalé comme une série Netflix, à la carte, sera global et total. Et tout le monde prendra sa part. Quand il n'y a pas ou plus d'idées, il ne reste hélas plus que le spectacle. Mesdames et Messieurs, il faudra vous y faire. Ou éteindre tous vos écrans, les uns après les autres.

François Belley

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lundi 27 septembre 2021

Zemmour ou la " publicity " tout azimut !

Connaissez-vous la différence entre la "promotion" et la "publicity" ? Dans la société du spectacle, elle est très simple à comprendre !

Un acteur, un chanteur ou un Homme politique invités dans les médias pour un film, un album ou un livre : C'EST DE LA " PROMOTION " !

Un acteur qui se livre sur ses problèmes d'alcool ou de drogue ; une chanteuse de variétés qui dénonce les violences policières sur un plateau de télé ou un comique qui s'embrouille face caméra avec un journaliste : C'EST DE LA " PUBLICITY " !

La " publicity " c'est précisément cette capacité à faire parler indirectement les médias du produit (chanteur, acteur, comique, politique...) en créant un événement qui l'entoure.

Homme d'image et de médias, Eric Zemmour a parfaitement compris le rôle, les bénéfices et l'impact de la "publicity" dans sa stratégie de communication. Et pour preuve ! Depuis la rentrée, Eric Zemmour truste l'actualité par la création de séquences extra-politiques. En effet, il eut d'abord la séquence "Zemmour lâché par son éditeur" et "Zemmour écarté de CNews" à cause du CSA, puis la séquence "Zemmour à la Une de Paris Match" avec sa très proche conseillère, enfin aujourd'hui "Zemmour agressé en pleine rue". Et il est fort à parier que d'autres séquences tout aussi spectaculaires suivront ces prochains jours, lesquelles séquences viseront de continuer à mettre à distance - tout du moins médiatiquement - les autres candidats, petits et grands (forcément moins attractifs), qui peinent à exister dans cette période de pré-campagne.

Aujourd'hui, dans nos sociétés de contenus où "l'actu" chasse "l'actu", l'Homme politique ne peut plus compter sur sa seule "actualité" (idées, programme, candidature, livre, meeting, débat...) pour exister. Pour survivre médiatiquement, le politique doit donc brasser beaucoup de vent, c'est-à-dire faire parler de lui de façon continue par le clash et le dérapage, la petite phrase et l'altercation, l'agression et le scandale. Et qu'importe si l'on parle en mal du produit politique, l'essentiel est qu'on parle de lui massivement. C'est tout.

Eric Zemmour (à ce stade encore non candidat) s'inscrit précisément dans cette stratégie de "publicity" tout azimut dans laquelle chaque jour doit être synonyme d'acte de pub.

Inédite sur le plan du spectacle, la campagne présidentielle qui s'annonce va être jalonnée ces prochaines semaines de coups bas comme de coups de pubs. Encore une bien mauvaise nouvelle pour la politique et la démocratie dont le conso-électeur se verra une nouvelle fois privé. 

François Belley

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jeudi 23 septembre 2021

La victoire du spectacle !


La politique est un spectacle comme les autres. À l'écran, il n'y a plus de différences en effet entre un débat politique et un match de football : l'un comme l'autre, à ne pas manquer, sont toujours présentés par les journalistes comme des "événements exceptionnels". De la même manière, il n'y a plus de différences à l'écran entre Mélenchon et Mbappé, Zemmour et Neymar : les uns comme les autres, sont devenus en effet des "stars" de l'écran et du papier glacé, mis en scène, traités et consommés comme tels.

Avalé comme une série Netflix, le spectacle du débat politique a ceci de singulier qu'il est ingurgité par les masses avant, pendant et après le dit événement. Car le débat politique (d'une durée de 2 ou 3 heures maximum) n'est finalement qu'une petite partie du spectacle, laquelle s'inscrit plus largement dans une séquence spectaculaire plus globale.

À l'écran, le spectacle du débat politique commence en effet toujours dès l'officialisation de l'information dans les médias. Aussi, depuis dimanche soir, date à laquelle nous avons appris la programmation du débat "Zemmour VS Mélenchon", les éditorialistes, les experts comme les consultants se succèdent tous sur les plateaux pour commenter massivement ce qui n'a pas encore eu lieu. Dans les médias, c'est ainsi : la pièce se joue avant même l'entrée des comédiens.

À l'écran, le spectacle du débat politique se poursuit ensuite logiquement pendant l'événement. Toutefois, le spectacle n'est pas là où l'on croit. À travers les nombreux hashtag de l'événement (#DebatBFMTV #JeSoutiensZemmour #JeSoutiensMelenchon #Meluche #Gargamel #LeZ), le spectacle réside en effet, essentiellement sur les réseaux sociaux où, à visage découvert ou non, le fan attaque, le militant vocifère et le supporter invective. Comme au football, le spectacle se joue aussi dans les tribunes.

À l'écran, le spectacle du débat politique continue enfin après l'événement. Une fois entrés dans leurs loges respectives, les comédiens laissent leurs places, encore chaudes, aux journalistes-commentateurs qui viennent alors, pendant des heures, débattre des "temps forts", de "la petite phrase" et du "vainqueur".

À l'instar de la confrontation-événement "Zemmour VS Mélenchon", le débat politique est une matière facilement extensible avec laquelle on remplit le plus de temps d'antenne possible.

Qu'on se le dise, le gagnant du débat de ce soir n'est ni Mélenchon ni Zemmour mais le spectacle désormais global et total, en particulier son diffuseur (BFM TV) qui, avec ce nouveau programme de divertissement, a fait un carton d'audience (3.8 millions de téléspectateurs) comme un samedi soir TF1 avec The Voice.

François Belley

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mardi 21 septembre 2021

L' arnaque du " Troisième Homme " !


 

«Le phénomène X !», « La surprise Y ! », « La révélation Z » : à chaque élection présidentielle, c’est le même impératif : il faut voir éclore de la narration médiatique, un outsider d’où peut venir la surprise, un candidat chargé de perturber le jeu politique, « un troisième Homme » capable de bouleverser la donne, déjouer les pronostics et perturber - à défaut de l’empêcher - « le duel» annoncé.

Sur la liste des convives, « le troisième Homme » est l’un des premiers à recevoir, sous forme de sésame, un carton VIP ouvrant les portes des médias. J. Lecanuet, J. Chaban-Delmas, R. Barre, F. Bayrou, E. Zemmour, C. Taubira, « le troisième Homme », c’est le refus du duel annoncé, la carte de l’originalité : le choix de l’audace, du moins tel qu’il est présenté et vendu par la presse.

Invité faussement surprise des campagnes électorales, « le troisième Homme » porté par la vague des sondages, aidé aussi par les Unes spéculatrices, est en réalité une création médiatique qui vise, pour des raisons logiques d’audience, de sur-enchère et d’emballement journalistique, à rendre à travers l’hypothèse « crédible » d’un coup de théâtre à venir, l’impossible finalement « possible », l’improbable peut-être « probable » et l’irréalisable finalement tout à fait « réalisable ».

« Jusqu’où peut-il aller ? », « Et si c'était lui ? », « Pourquoi pas lui ? », « Lui Président ? », « Et si c'était elle ? » : le rôle du « troisième Homme », enfermé par les médias dans une politique-fiction à laquelle parfois même l’intéressé ne croit pas, ne doit son existence qu’au suspense qu’il permet de créer et maintenir jusqu’au terme de l’élection, période après laquelle " le troisième Homme" disparaît du premier plan de la caméra. Comme au Cinéma, il convient d’accrocher le spectateur, au risque de le voir sinon jeter son cornet, se lever fissa et quitter la salle sans le moindre espoir de retour sur son siège.

Utilisé par les diffuseurs du spectacle politique comme formule marketing d’aide à la vente, « le troisième Homme » comme pseudo candidat-rempart à la bipolarisation de l’élection, finit pourtant par stagner, s’effondrer lors de la cristallisation de la campagne et devenir le grand perdant de l’élection, lui restant alors que la maigre consolation de sa déclaration de l’entre-deux tours avec l’annonce toujours très attendue des consignes de votes, ultime passage dans la lumière.

François Belley

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lundi 20 septembre 2021

L' ère de la " politique-game ".


Dans la société du spectacle, il faut des "rivalités", des "duels" et des "chocs" que l'on construit de toutes pièces pour maintenir le degré d'intérêt et d'attention du télé-consommateur.

Pensées dans un seul but (le business : soit la vente, soit le vote !), ces mécanismes se retrouvent aujourd'hui partout : dans le Football (PSG/OM, Real/Barça...), la musique (NTM/Iam, Booba/Kaaris...), le jeu vidéo (Sega/Nintendo, Call of Duty/Battle field...) ou les marques commerciales (Microsoft et Sony) : des "rivalités" et des "antagonismes" que l'on sait - le moment venu - renouveler pour le besoin du show permanent. Prévisible, le libéralisme spectaculaire est ainsi : là où il y a un marché, le système met en place un "duel" factice, une "opposition" de façade et un "clash" cartonné. Très souvent d'ailleurs, en coulisses, non seulement les parties se connaissent mais elles se mettent aussi parfois d'accord sur le script de la "confrontation-spectacle" à livrer, au grand dam des supporters, des fans ou des militants sincères, victimes de ce gigantesque cirque.

Pour continuer à rendre attractif la discipline, booster la notoriété et la part de marchés de ses principaux acteurs, le spectacle politique reprend aujourd'hui les grands principes du " rap game ", construit sur des personnages et des postures, de la compétition et des battles, des clash et du jeu, que l'on insère stratégiquement dans un plan de promo.

Programmé et présenté comme un "événement" par la chaîne BFM TV (concurrente directe de CNews), le débat "Zemmour VS Mélenchon", prévu ce jeudi soir sous forme de battle, comporte ici toutes les composante du "game" qui plait tant au public.

- D'abord, l'affiche, binaire au possible, présente 2 personnages au positionnement facilement identifiable par le conso-spectacteur. Aussi, pour le besoin du spectacle, les commentateurs, professionnels comme amateurs, ont opté - une nouvelle fois - pour la simplification. Jeudi soir, ce sera donc au menu " Extrême droite VS Extrême gauche". C'est simple à comprendre. Plus direct, plus clivant et surtout plus vendeur.

- Ensuite, l'affiche, attractive au possible, présente 2 "très bons clients", connus face caméra pour leurs outrances, leurs gestuelles et leurs petites phrases assassines pour prendre l'ascendant psychologique sur l'adversaire. Condamnés à plusieurs reprises, Zemmour et Mélenchon, comparés à E. Macron ou X. Bertrand, feront même à l'écran office, de "bad boys". Toutefois, si leurs discours diffèrent sensiblement, ces "jumeaux du populisme" se retrouveront sur leur propension à se victimiser, accuser et dénoncer le système dont ils sont pourtant issus, l'un comme l'autre.

- Enfin, l'affiche, attendue au possible s'appuie sur 2 solides communautés de "fans" qui, sur les réseaux sociaux, sont chargés jusqu'à jeudi 20h45 de réussir ce qu'on appelle "l'avant- match" : c'est-à-dire mettre l'ambiance et la pression, alimenter les pronostics et assurer le "trash-talking "préalable, indispensable à la réussite de n'importe quel gala de boxe. Du pain béni pour BFM TV (en lieu et place de CNews) qui pourra ainsi bénéficier d'une promo continue jusqu'à l'entrée dans l'arène des nouveaux gladiateurs.

Comme pour le football, jeudi soir, ce sera du spectacle, du spectacle, du spectacle. L'écran ne présente et ne sait faire rien d'autre, de toute façon.

François Belley

http://francoisbelley.fr