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jeudi 8 juillet 2021

Présidentielles 2022 : mais que fait Michaël Youn ?


Cyril Hanouna, Jean-Marie Bigard, Francis Lalanne : mais qu’attend Michaël Youn pour à son tour, aller à la rencontre des Français par le biais d’une émission de débat, d’un essai politique ou d’une candidature ? “Du morning live à l’Elysée” : avouez que ce parcours sans égal aurait franchement de la gueule ! D’autant que l’acteur, réalisateur et scénariste du long métrage “Vive la France” (2013) coche l’ensemble des cases nécessaires pour assurer le spectacle politique d’aujourd’hui.

En politique en effet, nul besoin d’être reconnu, il faut être connu. Et Michaël Youn l’est par ses apparitions télé, ses chansons et ses films, ses one-man show et ses happening à poil, en cascade. Pour réussir dans le spectacle politique, la notoriété est indispensable. Sans elle, pas de reconnaissance du public, donc pas d’acte d’achat possible. Dans les linéaires, un produit à forte notoriété est toujours un gage de qualité et de sécurité, de garantie et de réassurance pour un consommateur formaté qui dans son caddie met de préférence ce qui est connu et déjà vu. C’est pourquoi Michaël Youn a toutes ses chances.

En politique, il faut aussi être populaire. Et Michaël Youn l’est de fait, par ses succès à l’écran et son registre mi-comique mi-parodique. Dans la démocratie d'opinion, le pourcentage d’avis favorables à l’égard d’une personnalité publique, qu’elle soit humoriste, chanteuse, actrice ou animatrice, conditionne en effet le niveau d’influence au sein du débat public. Pour convaincre l’époque, il faut à l’ère du diktat de l’image, atteindre le plébiscite, conquérir le cœur plutôt que la tête des gens : une règle valable pour tous les métiers d’écran, à commencer par la politique.

Au sein de la société du paraître, l’art de vouloir plaire à tout le monde à tout prix au détriment d’un quelconque esprit d’authenticité et de vérité, est devenu le modèle imposant dans lequel être aimé du plus grand nombre est synonyme de confiance, d'adhésion et de blanc seing. Sur le marché de la politique-spectacle, la popularité qui s’exprime à travers des items d’études et de sondages est devenue avec l’audience en ligne et la notoriété, l’un des premiers niveaux de lecture pour jauger la crédibilité d’un « candidat probable ». Ainsi, pour celui qui s’engage publiquement, devenir populaire ou le rester est le seul objectif.

Pour réussir en politique enfin, il faut avoir le sens du spectacle comme Emmanuel Macron ou Marlène Schiappa, Jean-Michel Blanquier, Cyril Hanouna ou Christophe Barbier : autrement dit, ne pas avoir peur de jouer à la marelle en public, de pousser la chansonnette, de monter des partenariats avec des youtubeurs ou de faire le poirier en direct sur un plateau de télé. Et sur ce terrain, Michaël Youn est de loin le meilleur en termes d’idées, de réalisation et d’impact. Pour gagner les faveurs des médias, il faut « buzzer », savoir braquer l’actualité en permanence et entrer dans la peau d’un personnage : aimer se soumettre à la lumière médiatique.

« Du morning live à l’Elysée ! » : le titre du documentaire de BFM, de la Une de Match ou de la prochaine série NetFlix à succès est déjà trouvé. Allez, Michaël, il ne manque plus que toi. Et la campagne de la présidentielle 2022 pourra vraiment commencer.

François Belley

http://francoisbelley.fr

mercredi 7 juillet 2021

De Greta à Francis : le diktat des "têtes" médiatiques.

Les médias suivent la mode : en premier lieu celle de l'air du temps. Pour l’intérêt marketing que génère le lancement d’un nouvelle gamme de produits médiatico-politiques sur le marché, la presse opportuniste s’inscrit toujours dans la tendance du moment : de l’engouement pour le « temps des femmes » (Ségolène Royal), à celui des « non professionnels de la politique » (Les Gilets Jaunes) et « des saltimbanques » (Bigard, Hanouna ou Lalanne…), en passant par celui « des populistes » (Zemmour), des égéries (Assa Traoré) ou encore des « écologistes post-ado » (Greta Thunberg).

Le système peut s’appuyer et miser en même temps  sur une voire plusieurs « têtes » médiatiques : des produits à la mode souvent court-termistes qui répondent au besoin permanent de renouvellement du spectacle. À l’inverse d’un chef de parti au modèle vieillissant, la « tête » médiatique génère de facto de la nouveauté. Elle crée surtout beaucoup plus de bruit dans l’histoire qu’elle sait raconter au public à grands coups de contenus : du happening classique dans les talk-show jusqu’au partenariat surprise avec une marque d’escarpin. Photographiée et filmée, commentée et analysée : la « tête » médiatique inspire les médias qui peut la présenter la veille comme la nouvelle figure politique, le lendemain même comme un héros contemporain.

Dans le monde de l’entreprise, dans celui du sport ou de la politique, la « tête » médiatique, glorifiée un temps par l’époque spectaculaire, est attendue sinon construite. Elle est choisie avant tout pour son potentiel de vente et de narration : car celui qui a le vent en poupe doit se retrouver aussitôt en première de couverture, s'installer inéluctablement dans les baromètres de popularité et se voir tester dans les sondages. En faire à terme un produit présidentiable : voilà la finalité de la « tête » médiatique pour les médias de masse. « Candidat, pas candidat ?, « Se présentera, ne se présentera pas ?, « Ira, n’ira pas ? » : le casting de l’élection à venir avec le médiatico-politique à la mode comme nouvelle tête de gondole providentielle est l’obsession du journaliste, obsédé par la personnification du jeu électoral. Nous le voyons chaque jour un peu plus.

Lors d’une interview « politique, » la nouvelle « tête » médiatique, souhaitée ou mise de force par le système sur la liste de départ, importe toujours plus que les raisons pour lesquelles elle s’est engagée sur le marché "politique". Chez les journalistes, cette fétichisation du casting permanent par le diktat des noms et des visages illustre la personnacratie insupportable de la vie politique actuelle. "François Belley". Politique spectacle. 

François Belley

http://francoisbelley.fr

mercredi 30 juin 2021

Le spectacle politique de l’avant-présidentielle.


La séquence de l’élection présidentielle est la « pièce » électorale la plus spectaculaire, celle réservée traditionnellement aux acteurs-stars de la scène politique.

Pour autant, afin de maintenir l’intérêt pour un événement à vivre seulement tous les 5 ans, la séquence de l’avant-élection élargit toujours la liste des invités-participants à qui, il est demandé en retour, de s’agiter et de faire un maximum de bruit sur la ligne de départ.

Comme au Cinéma, on retrouve donc pour chaque élection, les premiers et les seconds rôles, les petits rôles et les figurants : chaque « candidat » se voyant bénéficier d’une couverture presse, attribuer des points dans les baromètres de popularité et flanquer d’une étiquette, collée sur la tête par l’hyper-personnalisation du débat public.

L’intérêt du spectacle « à voir » n’est pas tant la parenthèse, finalement courte, de l’élection présidentielle elle-même. Ce qui est intéressant pour le système spectaculaire, c’est ce qui se passe médiatiquement avant : c’est-à-dire la première partie du spectacle, celle qui doit chauffer le public, le préparer et le mettre dans les meilleures conditions psychologiques pour vivre intensément la dite représentation.

Les primaires comme "produit" relativement récent dans l’histoire de la vie politique mettent en place les personnages, nourrissent les divisions internes et installent les duels voire les guerres fratricides à venir. Toujours bien scénarisée, la saison des primaires comme préliminaire vient combler l’espace, le vide et doit servir de relais brûlant à l’élection qui suit.

En termes d’intérêt, d’intensité et de retombées presse, les primaires (qui reprennent les codes classiques d'une élection qui fonctionne) sont parfois aussi réussies que l’élection majeure. Les primaires doivent mettre en appétit l’électeur. C’est l’élection avant l’élection : la première séquence-surprise qui doit faire recette sur le marché.

La course au parrainage comme second amuse-bouche présentée au spectateur-électeur est l’autre grand moment de cinéma interprété par les candidats et mis en scène en coproduction avec les médias. De la recherche des signatures d’élus jusqu’à la mise en péril possible de la candidature, au coup de gueule sur les plateaux de télé en passant par le compte-à-rebours avant la date limite, les relances téléphoniques en direct ou encore les dépôts des 500 signatures à la dernière seconde jusqu'à la validation de candidature in extremis : le feuilleton de la toujours très instrumentalisée course aux parrainages permet au candidat, « victime du système » politique de ne jamais quitter l’écran de la représentation. Aux médias, le (faux) suspens, créé et rythmé chaque jour par des rebondissements, offrent l'opportunité de raconter une histoire dans l'histoire.

Néanmoins, la finalité reste jusque-là toujours la même : les grands candidats atteignent la ligne de départ. Quant aux petits, ils s'y arrêtent avant mais repartent, dans la poche, avec le capital médiatique qu’ils sont venus chercher. François Belley.

François Belley

http://francoisbelley.fr