Affichage des articles dont le libellé est Mélenchon. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Mélenchon. Afficher tous les articles

jeudi 23 septembre 2021

La victoire du spectacle !


La politique est un spectacle comme les autres. À l'écran, il n'y a plus de différences en effet entre un débat politique et un match de football : l'un comme l'autre, à ne pas manquer, sont toujours présentés par les journalistes comme des "événements exceptionnels". De la même manière, il n'y a plus de différences à l'écran entre Mélenchon et Mbappé, Zemmour et Neymar : les uns comme les autres, sont devenus en effet des "stars" de l'écran et du papier glacé, mis en scène, traités et consommés comme tels.

Avalé comme une série Netflix, le spectacle du débat politique a ceci de singulier qu'il est ingurgité par les masses avant, pendant et après le dit événement. Car le débat politique (d'une durée de 2 ou 3 heures maximum) n'est finalement qu'une petite partie du spectacle, laquelle s'inscrit plus largement dans une séquence spectaculaire plus globale.

À l'écran, le spectacle du débat politique commence en effet toujours dès l'officialisation de l'information dans les médias. Aussi, depuis dimanche soir, date à laquelle nous avons appris la programmation du débat "Zemmour VS Mélenchon", les éditorialistes, les experts comme les consultants se succèdent tous sur les plateaux pour commenter massivement ce qui n'a pas encore eu lieu. Dans les médias, c'est ainsi : la pièce se joue avant même l'entrée des comédiens.

À l'écran, le spectacle du débat politique se poursuit ensuite logiquement pendant l'événement. Toutefois, le spectacle n'est pas là où l'on croit. À travers les nombreux hashtag de l'événement (#DebatBFMTV #JeSoutiensZemmour #JeSoutiensMelenchon #Meluche #Gargamel #LeZ), le spectacle réside en effet, essentiellement sur les réseaux sociaux où, à visage découvert ou non, le fan attaque, le militant vocifère et le supporter invective. Comme au football, le spectacle se joue aussi dans les tribunes.

À l'écran, le spectacle du débat politique continue enfin après l'événement. Une fois entrés dans leurs loges respectives, les comédiens laissent leurs places, encore chaudes, aux journalistes-commentateurs qui viennent alors, pendant des heures, débattre des "temps forts", de "la petite phrase" et du "vainqueur".

À l'instar de la confrontation-événement "Zemmour VS Mélenchon", le débat politique est une matière facilement extensible avec laquelle on remplit le plus de temps d'antenne possible.

Qu'on se le dise, le gagnant du débat de ce soir n'est ni Mélenchon ni Zemmour mais le spectacle désormais global et total, en particulier son diffuseur (BFM TV) qui, avec ce nouveau programme de divertissement, a fait un carton d'audience (3.8 millions de téléspectateurs) comme un samedi soir TF1 avec The Voice.

François Belley

http://francoisbelley.fr

lundi 20 septembre 2021

L' ère de la " politique-game ".


Dans la société du spectacle, il faut des "rivalités", des "duels" et des "chocs" que l'on construit de toutes pièces pour maintenir le degré d'intérêt et d'attention du télé-consommateur.

Pensées dans un seul but (le business : soit la vente, soit le vote !), ces mécanismes se retrouvent aujourd'hui partout : dans le Football (PSG/OM, Real/Barça...), la musique (NTM/Iam, Booba/Kaaris...), le jeu vidéo (Sega/Nintendo, Call of Duty/Battle field...) ou les marques commerciales (Microsoft et Sony) : des "rivalités" et des "antagonismes" que l'on sait - le moment venu - renouveler pour le besoin du show permanent. Prévisible, le libéralisme spectaculaire est ainsi : là où il y a un marché, le système met en place un "duel" factice, une "opposition" de façade et un "clash" cartonné. Très souvent d'ailleurs, en coulisses, non seulement les parties se connaissent mais elles se mettent aussi parfois d'accord sur le script de la "confrontation-spectacle" à livrer, au grand dam des supporters, des fans ou des militants sincères, victimes de ce gigantesque cirque.

Pour continuer à rendre attractif la discipline, booster la notoriété et la part de marchés de ses principaux acteurs, le spectacle politique reprend aujourd'hui les grands principes du " rap game ", construit sur des personnages et des postures, de la compétition et des battles, des clash et du jeu, que l'on insère stratégiquement dans un plan de promo.

Programmé et présenté comme un "événement" par la chaîne BFM TV (concurrente directe de CNews), le débat "Zemmour VS Mélenchon", prévu ce jeudi soir sous forme de battle, comporte ici toutes les composante du "game" qui plait tant au public.

- D'abord, l'affiche, binaire au possible, présente 2 personnages au positionnement facilement identifiable par le conso-spectacteur. Aussi, pour le besoin du spectacle, les commentateurs, professionnels comme amateurs, ont opté - une nouvelle fois - pour la simplification. Jeudi soir, ce sera donc au menu " Extrême droite VS Extrême gauche". C'est simple à comprendre. Plus direct, plus clivant et surtout plus vendeur.

- Ensuite, l'affiche, attractive au possible, présente 2 "très bons clients", connus face caméra pour leurs outrances, leurs gestuelles et leurs petites phrases assassines pour prendre l'ascendant psychologique sur l'adversaire. Condamnés à plusieurs reprises, Zemmour et Mélenchon, comparés à E. Macron ou X. Bertrand, feront même à l'écran office, de "bad boys". Toutefois, si leurs discours diffèrent sensiblement, ces "jumeaux du populisme" se retrouveront sur leur propension à se victimiser, accuser et dénoncer le système dont ils sont pourtant issus, l'un comme l'autre.

- Enfin, l'affiche, attendue au possible s'appuie sur 2 solides communautés de "fans" qui, sur les réseaux sociaux, sont chargés jusqu'à jeudi 20h45 de réussir ce qu'on appelle "l'avant- match" : c'est-à-dire mettre l'ambiance et la pression, alimenter les pronostics et assurer le "trash-talking "préalable, indispensable à la réussite de n'importe quel gala de boxe. Du pain béni pour BFM TV (en lieu et place de CNews) qui pourra ainsi bénéficier d'une promo continue jusqu'à l'entrée dans l'arène des nouveaux gladiateurs.

Comme pour le football, jeudi soir, ce sera du spectacle, du spectacle, du spectacle. L'écran ne présente et ne sait faire rien d'autre, de toute façon.

François Belley

http://francoisbelley.fr