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vendredi 3 septembre 2021

" À la rencontre des Français ! " : classique de la com-spectacle.


"À la rencontre des Français ! " : à la veille de l'élection présidentielle, d'E. Macron à E. Zemmour, en passant par X. Bertrand, V. Pécresse ou A. Hidalgo : ils y vont tous. A pied, en train ou à bicyclette, les candidats déclarés ou probables commencent les uns après les autres à opérer sous l’œil des caméras, les premières descentes dans la vie réelle : l'enclos des vraies gens. Pour certains d'entre eux comme S. Rousseau,
candidate à la primaire écologiste, ils vont même jusqu'à dormir carrément chez l'habitant... afin de vivre comme lui. Curieuse expérience !

De VGE et ses causeries "au coin du feu" au "tête-à-tête" de F. Hollande avec mamie Lucette : aller à la rencontre des Français" est un grand classique de la com-spectacle : une étape incontournable pour tout candidat "sérieux " qui, avant de proposer un quelconque programme, se doit de commencer par "écouter" , "comprendre" et "consulter". Autrement dit,  s'inscrire dans une démarche "démocratique", "participative" ou "collective". Au choix. 

Sur le papier, le voyage aller-retour dans le réel est censé permettre au candidat-spectacle, par une pratique furtive du quotidien, de sentir le pouls de la société, prendre conscience des réalités pour mieux comprendre les enjeux. Minutieusement préparés par les équipes de communication, ces incursions dans la vie réelle ne sont en réalité que du spectacle. En effet, elles visent essentiellement 3 objectifs :

1- créer de belles images, illustrant la proximité, le naturel et la normalité du candidat-miroir, à l'aise avec son semblable ;

2- démontrer le lien toujours existant du candidat avec le monde réel ;

3- créer l'événement, attirer l'attention des journalistes pour faire tomber des "papiers", soit autant de matières et de contenus pour continuer à exister sur le marché ;

Aussi, que le candidat-spectacle aille dans une cité au nord de Marseille, sur un marché de province ou dans une ferme agricole, il cherche in fine toujours à cocher les mêmes cases d'image, de popularité et de notoriété. " Aller à la rencontre des Français " est un grand classique de la com-spectacle. Pour le politique, le dire face caméra montre de fait une évidente déconnexion avec le réel.

François Belley

http://francoisbelley.fr

 Illustration de la com-spectacle avec la députée des Yvelines, Aurore Bergé



lundi 23 août 2021

La rentrée ( DE LA COM ! ) politique.


Ça y est,
c’est reparti ! Après une courte pause estivale (pour les moins accros) sans caméras ni micros, les politiques, candidats déclarés, probables ou à venir, ré-apparaissent tous en même temps à l’écran bruyant du spectacle.

« Université d'été », « rassemblement populaire » ou « convention » ; « banquet républicain », « fête de la Rose » ou « barbecue citoyen » : la rentrée politique, organisée en province, si possible dans un petit village pour des raisons d'image, constitue à 8 mois du 1er tour de la présidentielle, une fenêtre de tir médiatique : l’acte 1 d’un plan de com bien rôdé pour le candidat, petit ou grand, venu renforcer loin de Paris son capital « sympathie » et améliorer ainsi ses items d’image dans les futures enquêtes d’opinion.

Pour Zemmour, Pécresse ou Wauquiez ; Jadot, Bayou ou Rousseau ; Hidalgo, Montebourg ou Mélenchon en quête de souffle, de retombées presse et de « présidentiabilité » : l’objectif est le même. Dans ces exercices d’apparitions et de déambulations face caméras, il s’agit d’abord de bien « paraître » : paraître sympa, drôle et proche ; dynamique, crédible et déterminé. Ainsi, dans cette revue de style, la main sur l’épaule est obligatoire ; les traits d’humour attendus et la petite blague conseillée. Pour le politique censé représenter l’ensemble des Français, il convient à l’écran d’être « bien perçu » : perçu comme « à l’aise » quand il convient d’échanger avec des jeunes ; perçu comme « naturel » quand il s’agit de manger sur le pouce avec les doigts ou des couverts de fortune ; perçu comme « authentique » quand il faut lever le verre et pousser la chansonnette avec la langue du coin.

En vue des primaires et de la campagne présidentielle, la rentrée du médiatico-politique en tenue décontractée vise surtout à démontrer la force et la forme du candidat, à afficher ses soutiens, ses fans et ses équipes, à s'imposer (selon la stratégie) comme le candidat naturel ou le chef de file, le challenger, le premier opposant ou la future surprise de l’élection à venir.

Moyen d'exister facilement sur le compte d'un parti, d’un mouvement ou d’un collectif, la rentrée politique n’est au fond qu’une bataille d’images entre futures présidentiables dont l’objectif (comme tout au long de l’année) est ni plus ni moins que l’OPA sur les gros titres, le trendtopic et le JT de 20 heures. D’où l’omniprésence dans cette séquence des discours, des punchlines et des coups de com.

Faute d’actualité et d’histoire à raconter, la rentrée politique (qui profite essentiellement du vide médiatique de la fin août) bénéficie, historiquement, toujours d’une couverture presse largement supérieure à son intérêt politique.  Vous le constaterez aisément semaine prochaine. A gauche comme à droite, rien ne sortira de ces rendez-vous où l’on retiendra davantage les teints hâlés que les idées, les petites phrases que les visions, les chemises ouvertes que le contenu même de ces rassemblements spectaculaires mis en place d’abord pour l'ego, l’image et le son.

François Belley

http://francoisbelley.fr

vendredi 23 juillet 2021

La 1ère grosse erreur de Valérie Pécresse.


La déclaration de candidature est le faire-part médiatique du candidat, celui qui dans le plan de communication, doit créer l’événement, propulser le « produit » en trendtopic et entretenir le vedettariat, condition sine qua none pour exister aujourd’hui dans le monde du « vu ».

Dans le spectacle politique, « candidater » fait partie intégrante de la stratégie marketing. Par son effet d’annonce, la candidature permet en effet d’entrer aussitôt dans le jeu médiatique, de déclencher des papiers et de générer des interviews, autrement dit de bénéficier d’un temps de parole précieux. Synonyme d’une couverture presse à moindre coût, la déclaration de candidature constitue pour le professionnel ou non de la politique, un moyen simple et rapide pour se faire connaître.

Aussi, qu’elle s’inscrive dans le cadre d’une première candidature ou d’un renouvellement de mandat, la déclaration de candidature doit créer la surprise (par le timing, la forme et le cadre de l’annonce), être cohérente (eu égard au statut et à la dynamique du moment) et s’inscrire dans un projet d’avenir (à l’appui d’une idée, d’une vision ou d’une ligne programmatique).

Réélue sans surprise à la tête la Région Île-de-France en juin dernier, Valérie Pécresse a donc annoncé hier sa volonté de devenir candidate pour « pour restaurer la fierté française ». Et force est de reconnaître que Valérie a complètement raté son entrée en scène.

- D’abord, le sens du timing :

Le jour même des débats et du vote à l’Assemblée sur l’extension du pass sanitaire, Valérie Pécresse se déclare au plus mauvais moment : c’est-à-dire dans une séquence, on ne peut plus spectaculaire, qui oppose les « pro » et les « anti-vax ». De l'audimat pur ! Dans ce contexte, l’information de la candidature du "produit Pécresse" ne peut espérer rivaliser et intéresser la sphère social-médiatique. Ses conseillers (qu’on imagine nombreux autour d'elle H24) n’ont pas su ou pu lui suggérer de reporter ce premier acte. Première erreur.

- Ensuite, le manque de « surprise » :

Après la candidature de Xavier Bertrand (l’autre Président de Région réélu en juin) opérée dans les médias 3 semaines plus tôt, c’est donc un autre ténor de chez « LR » qui se présente à son tour. Comme hier celle de X. Bertrand ou demain celle de L. Wauquiez, la candidature de Pécresse est donc apparue comme téléphonée, au-delà du fait qu’elle puisse aussi, par l’ego et l’esprit de division qu’elle suscite naturellement, alimenter le sentiment de politique politicienne, soit tout ce que les Français adorent.

- Enfin, la forme trop classique ;

À l’ère du Tout-numérique, V. Pécresse a opté pour le JT de 20heures sur TF1 : soit pour la « piste » la moins originale et la plus attendue. Là où pour ce premier acte, elle aurait dû apparaître comme un produit moderne et neuf, Pécresse s’est montrée comme une candidate classique et frileuse. Comme L. Jospin en 2002, elle aurait pu quand même envoyer un fax à l’AFP. La déclaration de candidature de Pécresse : c'est l'art de faire d'un événement un non-événement. Valérie, on n'a pas deux fois la chance de faire une bonne première impression.

You lose. Insert coins to continue.

François Belley

http://francoisbelley.fr


jeudi 1 juillet 2021

« Les Français » comme argument d’autorité du médiatico-politique.


«

« Voilà ce que veulent les Français », « Vous savez, ça n’intéresse pas les Français », « Les Français méritent mieux », « Les Français ne comprennent pas », « Les Français veulent des solutions », « Vous n’entendez pas ? Les Français ont en marre ! » : quel que soit l'orateur en lice sur le plateau du cirque médiatico-politique (élu, candidat, éditorialiste, intellectuel médiatique, syndicaliste ou épidémiologiste), il convient lors d’une interview, d’un débat ou d’un « live », de s’approprier « l’opinion de » et de parler en son nom.

Faire parler les autres est devenue une technique courante dans la sphère médiatique. Par son utilisation massive, « Les Français » comme argument d’autorité permettent à l’exposant-politique de donner du crédit à un propos, de muscler une position à l’aide d’une formule basique et de pré-vendre plus facilement à l’audience l’idée qui va suivre.

Pour l’Homme de la représentation, il ne s’agit pas dans sa dialectique de s’appuyer sur un sondage précis, de faire référence à une étude particulière ou même de se reposer sur une vérité du moment. Mais bien d’utiliser « Les Français » comme généralité pour rendre implacable une démonstration et ainsi mieux écouler au public son argumentation.

Parce qu’elle permet de rassembler le plus grand nombre, la droite et la gauche, les hommes et les femmes, les actifs et les retraités, le privé et le public, les jeunes et les personnes âgées, les votants et les abstentionnistes, les chômeurs et les cadres, les patrons et les ouvriers, les ruraux et les urbains, de dépasser les clivages et de n’écarter aucun profil dans le processus de séduction, cette expression « tous publics » se retrouve dans le lexique de force de vente du médiatico-poltique.

À la fois absent et omniprésent sur la scène, « Les Français » sont le personnage le plus cité de la pièce politico-médiatique, celui qui revenant dans le texte doit faire « grandir » l’acteur. Et nul besoin d'avoir une de représentant officiel pour l’emprunter : « Les Français » comme béquille rhétorique libre de droits ne requiert aucune légitimité, pas même celle qui incombe pourtant d’ordinaire au porte-parolat, inhérent à la personne élue. « Un Président devant 1 000 Français », « un face-à-face entre un premier Ministre et 10 Français », « une secrétaire d’État se présentant en direct à la télévision devant 1 million de Français » : dans le cadre d’émissions dites spéciales, « Les Français » sont à la manière d’un public-figurant un faire-valoir et un appui confortable sur lesquels l’invité du jour se repose pour gagner en empathie et en proximité. François Belley.

François Belley

http://francoisbelley.fr