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lundi 25 octobre 2021

L' apogée de la politique spectacle.


Mesdames et Messieurs, le moment est historique. Ouvrez bien vos yeux et tendez bien l'oreille : nous allons vivre l'apogée de la politique spectacle !

Comme l'avait été Donald Trump en 2016 aux États-Unis, Éric Zemmour présenté par la presse comme un "phénomène" constituera la grande attraction de la présidentielle de 2022. Nouvelle illustration ce matin avec une énième scène de théâtre (politique) où dans une émission-concept " Face à la rue " présentée par Jean-Marc Morandini (journaliste people), Éric Zemmour (essayiste pas encore candidat) enlève sa cravate en direct pendant qu'une femme (anonyme qui ne l'est plus) ôte son voile ! Par son statut de non professionnel de la politique, le produit " Zemmour", forcément attractif dans les linéaires, sera donc celui autour duquel le spectacle politique de cette nouvelle élection va s'organiser. Aussi, chaque déplacement d'Éric Zemmour sera scruté ; chacune de ses déclarations commentée ; chacun de ses mots, faits et gestes sera débattu sur les plateaux télé. C'est lui et lui seul - c'est écrit - qui alimentera les séquences et fera l'actualité, créera les débats et les polémiques, garantira à la presse, les ventes et les audiences. Ce sera d'abord "la déclaration de candidature" puis "la course aux parrainage", "les ralliements" ou encore "les débats événement" à 2, 5 ou à 11 candidats : les séquences spectaculaires autour du "Z" sont d'ores et déjà inscrites dans le calendrier.

Mesdames et Messieurs, accrochez-vous ! Nous allons vivre l'apogée de la politique spectacle, celle qui placera plus que jamais la com et la forme, l'image et la personne au centre de tout.

Avec l'élection présidentielle " américaine" de 2022, nous allons vivre l'apogée de la politique spectacle pour trois raisons majeures :

- la première d'abord, parce que les réseaux sociaux (contrairement à 2012 puis à 2017) connaissent actuellement leur phase de maturité. L'annonce ces prochains jours du changement de nom de facebook est un marqueur. Aujourd'hui, les " Réseaux " connaissent en effet leur âge d'or, en termes d'offre, de fréquentations, d'audience comme de production. Aussi, cette présidentielle va être celle assurément du contenu numérique : des fake news, des trolls, des thread voire des deepfake. Mesdames et Messieurs, le spectacle sera numérique. Tout sortira des plateformes sociales et des smartphones : le bras armé du spectacle. Vous êtes prévenus.

- la seconde ensuite, parce que le casting pour cette édition n'a jamais été aussi pauvre. Sur la ligne de départ en effet, pas de leaders, pas de tribuns, pas d'hommes d'idées. Alors pour exister sur une scène politique devenue exclusivement médiatique, les candidats au spectacle (de Y. Jadot à A. Hidalgo en passant par X. Bertrand ou N. Dupont-Aignan..) vont multiplier d'ici avril 2022 les coups médias, les happenings et autre opérations de buzz et de guérilla-écran.

Mesdames et Messieurs, ne vous attendez donc pas à des débats de fonds et à une bataille d'idées mais à une course permanente à l'exposition et à l'excès, au trend topic, à l'alerte-info et aux bandeaux d'actualité.

- la troisième enfin, parce que le système social-médiatique dans son ensemble - de la plus confidentielle des chaîne Youtube aux chaînes d'informations en continu installées - voit dans cette séquence électorale une opportunité événementielle pour booster leurs audiences, leurs vues et leurs abonnés. Le spectacle du "politique" présenté sous toutes ses formes, "en live", "face à la rue", "dans l'intimité" ou "avec les Français" va pulluler. Les concepts (marketing) d'émissions autour des candidats vont fuser, se développer et se diffuser jusqu'à l'overdose à travers la société multi-écrans.

Sans compter que le combat sera également entre les médias, entre le privé et le public, entre Cnews et France Inter : un combat à distance aussi entre éditorialistes clivants, experts et animateurs volontairement hystériques pour le besoin du show.

Mesdames et Messieurs, le spectacle politique qui sera avalé comme une série Netflix, à la carte, sera global et total. Et tout le monde prendra sa part. Quand il n'y a pas ou plus d'idées, il ne reste hélas plus que le spectacle. Mesdames et Messieurs, il faudra vous y faire. Ou éteindre tous vos écrans, les uns après les autres.

François Belley

http://francoisbelley.fr