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dimanche 5 décembre 2021

LE POLITIQUE : 1er PRODUCTEUR DE SPECTACLES.


À l’image du premier meeting de Zemmour (avec les images de la salle chauffée, le zoom sur l’arrivée des soutiens, l’entrée en scène de l’acteur, les applaudissements, les drapeaux et les punchlines, les jets de chaises, les coups de poings, de pieds et de ceintures en direct), le meeting politique est devenu un spectacle comme un autre.

Le meeting politique ne vise évidemment pas à convaincre les militants, déjà convaincus des promesses de l’homme providentiel mais d’impressionner le grand public avec des paroles et des images fortes. Retranmis en direct sur les chaînes d’info en continu (parfois même sur des généralistes), le meeting, avec des “images fournies par l'équipe du candidat” sont du contenu-spectacle que l’on livre aux conso-spectacteurs. Cette mention, imbriquée dans l’écran du spectacle, n’a rien d’anodin. Car elle fait définitivement du politique un producteur de spectacles.

Aussi, la mise en scène conçue pour le besoin du show se doit d'être impeccable. Dans cette fabrique du divertissement, le rôle du militant à qui l’on offre le matériel nécessaire pour faire du bruit constitue la pièce maîtresse d’un spectacle réussi. Indissociable du spectacle, le militant est discipliné. Il applaudit, crie, chante, hue, siffle, scande à la demande. Le temps du meeting, il joue le rôle d’ambianceur du politique. Il est à l’origine de la fabrique du son et de l’image : un élément de la scénographie, aussi important que le décor, la musique ou encore la lumière. Comme le politique, le militant est un producteur de divertissement, au service du spectacle politique.

François Belley

http://francoisbelley.fr

mardi 9 novembre 2021

De Gaulle : mètre-étalon de la politique.

Pour les médias comme pour les politiques, le temps commémoratif est aussi le temps de la célébration spectaculaire, celui du « vu » et du « à voir ». Bicentenaire de la Révolution française, centenaire de l’armistice, hommage à Jeanne d’Arc, appel du 18 juin, cinquantenaire de la mort du général de Gaulle : le rebond sur le calendrier permet au politique de s’approprier l’actualité et se sculpter une stature, faire passer des messages et récupérer à son compte l’Histoire avec ses symboles et ses forces d’évocations.

Le médiatico-politique aime jouer avec les dates, les lieux et la mémoire des grands Hommes comme il sait aussi jongler avec les chants et les discours, les chorégraphies et les minutes de silence : c’est le principe du marketing du souvenir, de la célébration et de l’hommage.

À l’instar des grands événements sportifs, il n’y a rien de mieux que « l’hommage » à vivre à travers l’écran du spectacle pour offrir à la population le moment de communion, les belles images et la dose d’émotions qu’elle attend. « Panthéonisation », « hommage national », « remise de médailles » ou de « badges de l’engagement », « applaudissements à 20h sur les balcons » : hier pour les héros de la Nation, les militaires, les policiers ou les sportifs, aujourd’hui pour ceux du quotidien, les soignants, les profs, les activistes et même les animaux, la distinction populaire comme prestige social, même à titre post-hume, n’échappe pas au diktat du visible spectaculaire.

À l’heure de la défiance presque totale à l’égard du politique, la commémoration (en lieu et place du meeting) s’impose au sein de la vie politique comme le dernier grand spectacle des émotions. Récompenser un geste héroïque, un engagement militant ou simplement l’incarnation d’une noble cause : pour le système spectaculaire, les honneurs doivent être avant tout médiatisés et suivre le processus de vente classique de la marchandise du « à voir ».

Cité de façon abusive dans les discours de droite comme de gauche, le Général de Gaulle est utilisé par le médiatico-politique essentiellement pour son image et sa force d’évocations. Dans l’inconscient collectif, le Général de Gaulle incarne la République. Il est l’image de l’appel du 18 juin, de la Résistance et de l’homme providentiel : soit la posture recherchée par tout Homme politique. Se référer au Général de Gaulle, c’est l’assurance de ne pas cliver l’électorat. C’est s’acheter une histoire et des valeurs, une morale aussi («Vous imaginez le général de Gaulle… ?»). Avec de Gaulle, le politique se réapproprie le roman historique. Il s’associe dans les mots à un type de leader politique qui n’existe plus aujourd’hui. Le Général de Gaulle est le mètre étalon de la politique.   

François Belley

http://francoisbelley.fr

mardi 21 septembre 2021

L' arnaque du " Troisième Homme " !


 

«Le phénomène X !», « La surprise Y ! », « La révélation Z » : à chaque élection présidentielle, c’est le même impératif : il faut voir éclore de la narration médiatique, un outsider d’où peut venir la surprise, un candidat chargé de perturber le jeu politique, « un troisième Homme » capable de bouleverser la donne, déjouer les pronostics et perturber - à défaut de l’empêcher - « le duel» annoncé.

Sur la liste des convives, « le troisième Homme » est l’un des premiers à recevoir, sous forme de sésame, un carton VIP ouvrant les portes des médias. J. Lecanuet, J. Chaban-Delmas, R. Barre, F. Bayrou, E. Zemmour, C. Taubira, « le troisième Homme », c’est le refus du duel annoncé, la carte de l’originalité : le choix de l’audace, du moins tel qu’il est présenté et vendu par la presse.

Invité faussement surprise des campagnes électorales, « le troisième Homme » porté par la vague des sondages, aidé aussi par les Unes spéculatrices, est en réalité une création médiatique qui vise, pour des raisons logiques d’audience, de sur-enchère et d’emballement journalistique, à rendre à travers l’hypothèse « crédible » d’un coup de théâtre à venir, l’impossible finalement « possible », l’improbable peut-être « probable » et l’irréalisable finalement tout à fait « réalisable ».

« Jusqu’où peut-il aller ? », « Et si c'était lui ? », « Pourquoi pas lui ? », « Lui Président ? », « Et si c'était elle ? » : le rôle du « troisième Homme », enfermé par les médias dans une politique-fiction à laquelle parfois même l’intéressé ne croit pas, ne doit son existence qu’au suspense qu’il permet de créer et maintenir jusqu’au terme de l’élection, période après laquelle " le troisième Homme" disparaît du premier plan de la caméra. Comme au Cinéma, il convient d’accrocher le spectateur, au risque de le voir sinon jeter son cornet, se lever fissa et quitter la salle sans le moindre espoir de retour sur son siège.

Utilisé par les diffuseurs du spectacle politique comme formule marketing d’aide à la vente, « le troisième Homme » comme pseudo candidat-rempart à la bipolarisation de l’élection, finit pourtant par stagner, s’effondrer lors de la cristallisation de la campagne et devenir le grand perdant de l’élection, lui restant alors que la maigre consolation de sa déclaration de l’entre-deux tours avec l’annonce toujours très attendue des consignes de votes, ultime passage dans la lumière.

François Belley

http://francoisbelley.fr

vendredi 10 septembre 2021

La campagne "détournée" d'Eric Zemmour.


Eric Zemmour est un excellent communicant. Il est même, au sein de l'offre politique actuelle, le spécialiste des médias. Aussi, en bon stratège du PAF qu'il est, il continue, à propos de son (hypothétique) candidature à l'élection présidentielle, d'entretenir le flou pour entretenir la flamme. Car mieux que quiconque, Eric Zemmour sait que laisser planer le doute sur ses intentions, jouer avec la rumeur, se dire « intéressé » tout en écartant, habilement de l’ordre du jour la question posée sur ses ambitions personnelles contribue à maintenir sur lui l’attention des médias, du public et de ses concurrents.

« Se présentera-t-il ? », « Se déclarera-t-il ? », « Se lancera-t-il ? » : le vrai-faux suspense médiatique propre à tout bon récit est en effet un moyen facile de faire monter les enchères, laisser les débats se faire et les publications envahir les réseaux sociaux comme les moteurs de recherche. Ainsi, contrairement à X. Bertrand, V. Pécresse ou encore A. Hidalgo, E. Zemmour attend stratégiquement son heure. Pour autant, Zemmour est omniprésent dans les médias, les débats, au CSA, sur Amazon et bientôt dans les librairies.

En réalité, Eric Zemmour est évidemment candidat à l'élection présidentielle mais un candidat outsider qui, par son statut, a opté pour une campagne différente de celles pratiquées habituellement par les professionnels de la politique. Chez Eric Zemmour et ses disciples-communicants, sur CNews ou ailleurs, le discours est clair et le propos dénué d’ambiguïtés.

Non, Zemmour n'est pas candidat : il est écrivain-éditorialiste.

Non, Zemmour n'est pas en campagne : il est en promotion de son livre. 

Non, Zemmour n'est pas à la rencontre des Français : il est avec ses lecteurs.

Non, Zemmour n'a pas présenté son slogan de campagne : il a simplement dévoilé le titre de son dernier essai " La France n'a pas dit son dernier mot ".

A ce titre, la couverture (publiée hier) du dernier livre d'Eric Zemmour dit tout de sa stratégie de communication détournée. Car la couverture de son livre est en réalité ni plus ni moins que son affiche "officielle" de campagne : une affiche directe, elle sans ambiguïtés sur l'intention, la promesse et l'ambition de l'auteur-candidat qui comme l'indique le slogan s'apprête à livrer bataille.

Stratège, Eric Zemmour, l'éditeur cette fois, a détourné les contraintes de l'affiche politique classique, celle qui par exemple interdit notamment dans la composition toute utilisation du "bleu-blanc-rouge". Par le biais de son livre auto-édité chez Rubempré, Eric Zemmour a donc passé outre les contraintes de fond et de forme pour s'offrir l'affiche de campagne de son choix.

Puisque la couverture du livre d'Eric Zemmour est d'abord son affiche de campagne, elle méritait ici d'être à sa juste place, c'est-à-dire sur un panneau électoral.

François Belley

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lundi 6 septembre 2021

Hommage posthume : le prétexte à la com' politique.


Lors du décès d’une célébrité, les réactions du médiatico-politique affluent toujours en masse. Parfois par le biais d’un communiqué, le plus souvent sous forme d’une publication sur les réseaux sociaux, le politique, à la capacité de rebondir sur n’importe quelle « actu » chaude, sait rendre hommage (avec plus ou moins d’habilité) à l’écrivain et à son œuvre, à l’acteur et à sa carrière, au politique et à l’homme, au chanteur et à la voix : c’est l’ère de l’hommage-apparent et du bon mot permanent.

À la mort d’une personnalité publique, c’est une nouvelle convention sociale : le politique, à l’avis d’expert décidément sur tout, doit saluer le défunt, le faire avec tact et le plus rapidement possible pour espérer être repris. À la personnalité politique la plus réactive, la plus créative aussi, revient alors le bandeau-défilant des chaînes d’ info, les premières interviews en duplex puis les invitations en série sur les plateaux télé pour rendre compte d’un souvenir invérifiable ou d’une anecdote présentée toujours comme personnelle.

En réalité, pour l’homme politique en campagne permanente, l’hommage posthume est un prétexte pour communiquer : une occasion pour se faire voir, un moyen d’auto-promotion de plus. Ainsi, n’est-il pas surprenant que dans la mort du géant Jean-Paul Belmondo, E. Macron parle de « panache », M. Le Pen d’« élégance à la Française » et F. Roussel d’« un acteur populaire ».

Dans la mort, le silence comme le temps long pourraient pourtant constituer le plus beau des hommages. Mais non, il faut se précipiter et parler, parader et s’exposer toujours et encore. Dans l’ère du « m’as-tu-lu » l’hommage posthume répond au diktat du contenu et au devoir de vitrine, le silence n’existe pas.

François Belley

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" La Remontada " ou la victoire de la pub !


A. Montebourg aime la com', la mise en scène et la pub. Son histoire en tant que Ministre de l'Economie, candidat à la primaire socialiste ou entrepreneur le prouve. L'Homme-marque aime les coups d'éclat. Il a l'instinct publicitaire : c'est une évidence.

Ce week-end, A. Montebourg (comme à peu près maintenant tout le monde sur le marché politique) a donc présenté sa candidature à l'élection présidentielle, à travers son slogan de campagne "La Remontada ", en référence à la désormais célèbre remontée du FC Barcelone contre le PSG (mars 2017). Entré dans la dictionnaire, le mot est devenu depuis un classique dans l'univers footballistique et évidemment commercial.

Aujourd'hui, la logique publicitaire, opportunisme par nature, détourne le concept de "Remontada" pour vendre un candidat. Et l'objectif recherché est largement atteint. Puisque cela faisait bien longtemps qu'un simple slogan n'avait pas fait autant parlé. Durant 2 jours en effet, le concept de "Remontada" décliné pour "l'industrie", "les salaires", "la planète", "les territoires " et "la République" a cristallisé les passions, animé les réseaux sociaux et occupé à peu près l'ensemble des commentateurs de la vie politique. Là où les signatures-produits de JL. Mélenchon et de F. Roussel, de X. Bertrand ou encore de V. Pécresse sont passées aux yeux du grand public comme un bateau dans la nuit, la "Remontada" a créé l'événement. Deux mots auront donc suffi pour déclencher la réaction et faire passer un message, véhiculer une promesse et installer un cap vers 2027

En publicité, le slogan comme formule du spectacle est conçu pour entrer dans la tête du consommateur. Qu'importe si l'accroche choisie est "pathétique" pour les uns ou "artificielle" pour les autres, le slogan ne passe pas inaperçu. A. Montebourg a choisi cette piste créative justement pour ça. Non par justesse mais pour son potentiel de viralité. 

Qu'il soit issu d'une agence de pub, d'un conseiller ou d'A. Montebourg himself, le candidat à la "Remontada" a donc fait le choix du décalage. Il a aussi de fait, fait monter les enchères du slogan politique (donc du spectacle politique), en premier lieu chez les petits candidats, qui devraient sans surprise opter eux-aussi pour la voie de la pub et de l'originalité, pour une place dans le trendtopic. Et ainsi continuer la marchandisation de l'Homme politique, via un marketing désormais décomplexé.

François Belley

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 Mise en scène d'A. Montebourg : l'Homme-sandwich.  


 

vendredi 3 septembre 2021

" À la rencontre des Français ! " : classique de la com-spectacle.


"À la rencontre des Français ! " : à la veille de l'élection présidentielle, d'E. Macron à E. Zemmour, en passant par X. Bertrand, V. Pécresse ou A. Hidalgo : ils y vont tous. A pied, en train ou à bicyclette, les candidats déclarés ou probables commencent les uns après les autres à opérer sous l’œil des caméras, les premières descentes dans la vie réelle : l'enclos des vraies gens. Pour certains d'entre eux comme S. Rousseau,
candidate à la primaire écologiste, ils vont même jusqu'à dormir carrément chez l'habitant... afin de vivre comme lui. Curieuse expérience !

De VGE et ses causeries "au coin du feu" au "tête-à-tête" de F. Hollande avec mamie Lucette : aller à la rencontre des Français" est un grand classique de la com-spectacle : une étape incontournable pour tout candidat "sérieux " qui, avant de proposer un quelconque programme, se doit de commencer par "écouter" , "comprendre" et "consulter". Autrement dit,  s'inscrire dans une démarche "démocratique", "participative" ou "collective". Au choix. 

Sur le papier, le voyage aller-retour dans le réel est censé permettre au candidat-spectacle, par une pratique furtive du quotidien, de sentir le pouls de la société, prendre conscience des réalités pour mieux comprendre les enjeux. Minutieusement préparés par les équipes de communication, ces incursions dans la vie réelle ne sont en réalité que du spectacle. En effet, elles visent essentiellement 3 objectifs :

1- créer de belles images, illustrant la proximité, le naturel et la normalité du candidat-miroir, à l'aise avec son semblable ;

2- démontrer le lien toujours existant du candidat avec le monde réel ;

3- créer l'événement, attirer l'attention des journalistes pour faire tomber des "papiers", soit autant de matières et de contenus pour continuer à exister sur le marché ;

Aussi, que le candidat-spectacle aille dans une cité au nord de Marseille, sur un marché de province ou dans une ferme agricole, il cherche in fine toujours à cocher les mêmes cases d'image, de popularité et de notoriété. " Aller à la rencontre des Français " est un grand classique de la com-spectacle. Pour le politique, le dire face caméra montre de fait une évidente déconnexion avec le réel.

François Belley

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 Illustration de la com-spectacle avec la députée des Yvelines, Aurore Bergé



mercredi 1 septembre 2021

La mort de la parole politique.


La parole politique est morte, en témoignent
notamment l'abstention record des dernières régionales (66,7%) ou les mouvements aussi symptomatiques que révélateurs que ceux des "anti-vax" ou des "anti-pass" qui traduisent aussi une défiance de principe à l'égard des "élites", qu'elles soient ici big-pharmaceutiques ou politiques. Aujourd'hui, c'est un fait : on ne croit plus l'Homme politique, comme on ne croit plus en l'Homme de pouvoir, qu'il soit journaliste ou éditorialiste, scientifique ou épidémiologiste de plateau. Au mieux, la parole du politique est inaudible. Au pire, elle se retrouve rejetée, de facto. Pour résumer donc, on ne vote plus pour le politique. Et, on ne le croit plus. Bientôt, et ce en dépit des échéances électorales à venir, on ne l'écoutera même plus. Signe du manque de confiance des Français à l'égard du personnel politique, le dernier baromètre annuel du Cevipof est à ce propos sans appel. On y apprend par exemple que les Français, " lassés " pour 41% d'entre eux, se sentent " méfiants " (pour 39%) à l'égard de "la politique". Pis, qu'ils en ressentent (pour 23% d'entre eux)  du "dégoût". Retenons aussi que selon cette étude, seuls... 4% des Français ressentent du "respect" à l'évocation du mot "politique". 

Bien sûr, le premier responsable de la désacralisation de la parole politique reste le politique lui-même qui paye cash aujourd'hui des années d'affaires et de cynisme, de calculs et d'opportunisme, de sur-promesse et d'inaction, de mise en scène et d'ultra-com. Forcément, les affaires " Cahuzac ", " Balkany " ou " Sarkozy " (pour n'en citer que quelques unes) finissent un jour par laisser des traces dans l'opinion tout comme les démonstrations de "politique-spectacle" d'E. Macron, J-M. Blanquer ou M. Schiappa, après celles de S. Royal, A. Montebourg ou de NKM, entraînés par les mêmes professionnels de la communication à faire le show, à travers l'agitation, la confession ou l'émotion.

Toutefois, les médias avec leur force de frappe ont aussi leur part de responsabilité dans la faillite d'un politique discrédité depuis des années par des "Unes de presse" tapageuses conçues d'abord pour le buzz, le spectacle et l'audimat. Quand par voie de presse et d'affichage en effet, les médias traitent publiquement le politique de " voyous " et d'" hypocrites ", de " nuls " et de " stagiaires ", de " faibles " et de " cumulards ", de "tricheurs " et de " menteurs ", comment voulez-vous qu'à terme la population exposée au matraquage publicitaire ne finisse pas par ne pas les croire ? C'est comme ça : la force de la couverture et l'effet de répétition du message sont tels que vous ne pouvez échapper à la disqualification puis à la dévente du produit politique que la même presse nous a préalablement vendu, quelques mois auparavant.

Ainsi, à la veille de la campagne présidentielle propre aux effets d'annonces et aux grandes promesses, jamais la défiance à l'égard du personnel politique (à gauche comme à droite) n'aura été aussi forte. Dans les urnes, la donne est nouvelle : la situation inédite. Aussi, puisque la parole politique est morte, quid de celui qui se présenterait aujourd'hui comme "l'anti-politique" ? Serait-il plus écouté et plus suivi par les abstentionnistes, les a-politiques ou encore les votes blancs, ceux qui ne comptent pas mais qui peuvent tout à coup faire basculer une élection ? Pour 2022, c'est le scénario le plus probable qui se trame. Souvenons-nous nous de l'homme d'affaires D. Trump ou de l'humoriste V. Zelensky, devenus tous deux présidents.

Le politique et sa parole sont en crise pendant que la société du spectacle, elle, vit son âge d'or. Le scénario semble écrit.

François Belley

http://francoisbelley.fr

Unes de presse sur le "personnel politique" et cas d'école de " politique spectacle " :  


 
 

lundi 9 août 2021

L'arnaque du " troisième Homme ".


« Le phénomène X !», « La surprise Y ! », « La révélation Z » : à chaque élection
présidentielle, c’est le même impératif : il faut voir éclore de la narration médiatique, un outsider d’où peut venir la surprise, un candidat chargé de perturber le jeu politique, « un troisième Homme » capable de bouleverser la donne, déjouer les pronostics et perturber - à défaut de l’empêcher - « le duel » annoncé.

Sur la liste des convives, « le troisième Homme » est l’un des premiers à recevoir, sous forme de sésame, un carton VIP ouvrant les portes des médias. J. Lecanuet, J. Chaban-Delmas, R. Barre, F. Bayrou, E. Zemmour, C. Taubira, « le troisième Homme », c’est le refus du duel annoncé, la carte de l’originalité : le choix de l’audace, du moins tel qu’il est présenté et vendu par la presse.

Invité faussement surprise des campagnes électorales, « le troisième Homme » porté par la vague des sondages, aidé aussi par les Unes spéculatrices, est en réalité une création médiatique qui vise, pour des raisons logiques d’audience, de sur-enchère et d’emballement journalistique, à rendre à travers l’hypothèse « crédible » d’un coup de théâtre à venir, l’impossible finalement « possible », l’improbable peut-être « probable » et l’irréalisable finalement tout à fait « réalisable ».

« Jusqu’où peut-il aller ? », « Et si c'était lui ? », « Pourquoi pas lui ? », « Lui Président ? », « Et si c'était elle ? » : le rôle du « troisième Homme », enfermé par les médias dans une politique-fiction à laquelle parfois même l’intéressé ne croit pas, ne doit son existence qu’au suspense qu’il permet de créer et maintenir jusqu’au terme de l’élection, période après laquelle " le troisième Homme" disparaît du premier plan de la caméra. Comme au Cinéma, il convient d’accrocher le spectateur, au risque de le voir sinon jeter son cornet, se lever fissa et quitter la salle sans le moindre espoir de retour sur son siège.

Utilisé par les diffuseurs du spectacle politique comme formule marketing d’aide à la vente, « le troisième Homme » comme pseudo candidat-rempart à la bipolarisation de l’élection, finit pourtant par stagner, s’effondrer lors de la cristallisation de la campagne et devenir le grand perdant de l’élection, lui restant alors que la maigre consolation de sa déclaration de l’entre-deux tours avec l’annonce toujours très attendue des consignes de votes, ultime passage dans la lumière.

François Belley

http://francoisbelley.fr