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mercredi 8 décembre 2021

Le spectacle des parrainages.

Long métrage écrit, réalisé et interprété par les candidats, petits et grands.

Top départ de la course, mis en péril de la candidature, coup de gueule ou de détresse (à venir) sur les plateaux de télévision, compte à rebours avant la date limite, appels puis relances téléphoniques en direct, dépôt des 500 signatures à la dernière seconde jusqu'à la validation de candidature in extremis : la séquence des parrainages est toujours un grand moment de cinéma mis en scène par le candidat en coproduction avec les médias.

Au politique, le feuilleton de la course aux parrainages permet de tenir l'affiche et de se positionner, au fil des épisodes, comme un candidat (encore) victime du système. Aux médias, le (faux) suspense, rythmé chaque jour par des rebondissements, offrent l'opportunité de raconter une histoire dans l'histoire. Les grands candidats finissent toujours sur la ligne de départ. Les petits s'y arrêtent bien souvent avant mais repartent, dans la poche, avec un capital médiatique : une prime remise aux perdants par le système spectaculaire. Pour l'élection présidentielle, on n'échappera pas à cette règle. Cette dernière faisant partie du grand show électoral.

François Belley

http://francoisbelley.fr


lundi 6 septembre 2021

" La Remontada " ou la victoire de la pub !


A. Montebourg aime la com', la mise en scène et la pub. Son histoire en tant que Ministre de l'Economie, candidat à la primaire socialiste ou entrepreneur le prouve. L'Homme-marque aime les coups d'éclat. Il a l'instinct publicitaire : c'est une évidence.

Ce week-end, A. Montebourg (comme à peu près maintenant tout le monde sur le marché politique) a donc présenté sa candidature à l'élection présidentielle, à travers son slogan de campagne "La Remontada ", en référence à la désormais célèbre remontée du FC Barcelone contre le PSG (mars 2017). Entré dans la dictionnaire, le mot est devenu depuis un classique dans l'univers footballistique et évidemment commercial.

Aujourd'hui, la logique publicitaire, opportunisme par nature, détourne le concept de "Remontada" pour vendre un candidat. Et l'objectif recherché est largement atteint. Puisque cela faisait bien longtemps qu'un simple slogan n'avait pas fait autant parlé. Durant 2 jours en effet, le concept de "Remontada" décliné pour "l'industrie", "les salaires", "la planète", "les territoires " et "la République" a cristallisé les passions, animé les réseaux sociaux et occupé à peu près l'ensemble des commentateurs de la vie politique. Là où les signatures-produits de JL. Mélenchon et de F. Roussel, de X. Bertrand ou encore de V. Pécresse sont passées aux yeux du grand public comme un bateau dans la nuit, la "Remontada" a créé l'événement. Deux mots auront donc suffi pour déclencher la réaction et faire passer un message, véhiculer une promesse et installer un cap vers 2027

En publicité, le slogan comme formule du spectacle est conçu pour entrer dans la tête du consommateur. Qu'importe si l'accroche choisie est "pathétique" pour les uns ou "artificielle" pour les autres, le slogan ne passe pas inaperçu. A. Montebourg a choisi cette piste créative justement pour ça. Non par justesse mais pour son potentiel de viralité. 

Qu'il soit issu d'une agence de pub, d'un conseiller ou d'A. Montebourg himself, le candidat à la "Remontada" a donc fait le choix du décalage. Il a aussi de fait, fait monter les enchères du slogan politique (donc du spectacle politique), en premier lieu chez les petits candidats, qui devraient sans surprise opter eux-aussi pour la voie de la pub et de l'originalité, pour une place dans le trendtopic. Et ainsi continuer la marchandisation de l'Homme politique, via un marketing désormais décomplexé.

François Belley

http://francoisbelley.fr

 Mise en scène d'A. Montebourg : l'Homme-sandwich.  


 

lundi 23 août 2021

La rentrée ( DE LA COM ! ) politique.


Ça y est,
c’est reparti ! Après une courte pause estivale (pour les moins accros) sans caméras ni micros, les politiques, candidats déclarés, probables ou à venir, ré-apparaissent tous en même temps à l’écran bruyant du spectacle.

« Université d'été », « rassemblement populaire » ou « convention » ; « banquet républicain », « fête de la Rose » ou « barbecue citoyen » : la rentrée politique, organisée en province, si possible dans un petit village pour des raisons d'image, constitue à 8 mois du 1er tour de la présidentielle, une fenêtre de tir médiatique : l’acte 1 d’un plan de com bien rôdé pour le candidat, petit ou grand, venu renforcer loin de Paris son capital « sympathie » et améliorer ainsi ses items d’image dans les futures enquêtes d’opinion.

Pour Zemmour, Pécresse ou Wauquiez ; Jadot, Bayou ou Rousseau ; Hidalgo, Montebourg ou Mélenchon en quête de souffle, de retombées presse et de « présidentiabilité » : l’objectif est le même. Dans ces exercices d’apparitions et de déambulations face caméras, il s’agit d’abord de bien « paraître » : paraître sympa, drôle et proche ; dynamique, crédible et déterminé. Ainsi, dans cette revue de style, la main sur l’épaule est obligatoire ; les traits d’humour attendus et la petite blague conseillée. Pour le politique censé représenter l’ensemble des Français, il convient à l’écran d’être « bien perçu » : perçu comme « à l’aise » quand il convient d’échanger avec des jeunes ; perçu comme « naturel » quand il s’agit de manger sur le pouce avec les doigts ou des couverts de fortune ; perçu comme « authentique » quand il faut lever le verre et pousser la chansonnette avec la langue du coin.

En vue des primaires et de la campagne présidentielle, la rentrée du médiatico-politique en tenue décontractée vise surtout à démontrer la force et la forme du candidat, à afficher ses soutiens, ses fans et ses équipes, à s'imposer (selon la stratégie) comme le candidat naturel ou le chef de file, le challenger, le premier opposant ou la future surprise de l’élection à venir.

Moyen d'exister facilement sur le compte d'un parti, d’un mouvement ou d’un collectif, la rentrée politique n’est au fond qu’une bataille d’images entre futures présidentiables dont l’objectif (comme tout au long de l’année) est ni plus ni moins que l’OPA sur les gros titres, le trendtopic et le JT de 20 heures. D’où l’omniprésence dans cette séquence des discours, des punchlines et des coups de com.

Faute d’actualité et d’histoire à raconter, la rentrée politique (qui profite essentiellement du vide médiatique de la fin août) bénéficie, historiquement, toujours d’une couverture presse largement supérieure à son intérêt politique.  Vous le constaterez aisément semaine prochaine. A gauche comme à droite, rien ne sortira de ces rendez-vous où l’on retiendra davantage les teints hâlés que les idées, les petites phrases que les visions, les chemises ouvertes que le contenu même de ces rassemblements spectaculaires mis en place d’abord pour l'ego, l’image et le son.

François Belley

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lundi 9 août 2021

L'arnaque du " troisième Homme ".


« Le phénomène X !», « La surprise Y ! », « La révélation Z » : à chaque élection
présidentielle, c’est le même impératif : il faut voir éclore de la narration médiatique, un outsider d’où peut venir la surprise, un candidat chargé de perturber le jeu politique, « un troisième Homme » capable de bouleverser la donne, déjouer les pronostics et perturber - à défaut de l’empêcher - « le duel » annoncé.

Sur la liste des convives, « le troisième Homme » est l’un des premiers à recevoir, sous forme de sésame, un carton VIP ouvrant les portes des médias. J. Lecanuet, J. Chaban-Delmas, R. Barre, F. Bayrou, E. Zemmour, C. Taubira, « le troisième Homme », c’est le refus du duel annoncé, la carte de l’originalité : le choix de l’audace, du moins tel qu’il est présenté et vendu par la presse.

Invité faussement surprise des campagnes électorales, « le troisième Homme » porté par la vague des sondages, aidé aussi par les Unes spéculatrices, est en réalité une création médiatique qui vise, pour des raisons logiques d’audience, de sur-enchère et d’emballement journalistique, à rendre à travers l’hypothèse « crédible » d’un coup de théâtre à venir, l’impossible finalement « possible », l’improbable peut-être « probable » et l’irréalisable finalement tout à fait « réalisable ».

« Jusqu’où peut-il aller ? », « Et si c'était lui ? », « Pourquoi pas lui ? », « Lui Président ? », « Et si c'était elle ? » : le rôle du « troisième Homme », enfermé par les médias dans une politique-fiction à laquelle parfois même l’intéressé ne croit pas, ne doit son existence qu’au suspense qu’il permet de créer et maintenir jusqu’au terme de l’élection, période après laquelle " le troisième Homme" disparaît du premier plan de la caméra. Comme au Cinéma, il convient d’accrocher le spectateur, au risque de le voir sinon jeter son cornet, se lever fissa et quitter la salle sans le moindre espoir de retour sur son siège.

Utilisé par les diffuseurs du spectacle politique comme formule marketing d’aide à la vente, « le troisième Homme » comme pseudo candidat-rempart à la bipolarisation de l’élection, finit pourtant par stagner, s’effondrer lors de la cristallisation de la campagne et devenir le grand perdant de l’élection, lui restant alors que la maigre consolation de sa déclaration de l’entre-deux tours avec l’annonce toujours très attendue des consignes de votes, ultime passage dans la lumière.

François Belley

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lundi 12 juillet 2021

Les « petits candidats » : composante majeure du folklore électoral.

 

Le « petit candidat » est d’abord une formule médiatique qui réduit l’aspirant-Présidentiable à un pourcentage d'intentions de vote, estimé généralement entre de 0,5 à 5% des suffrages exprimés. Si cette classification sémantique discrimine, disqualifie a priori et fausse le jeu démocratique de la campagne, elle induit surtout la présence des « grands candidats » : comprendre, ceux qui sont connus du grand public et invités à débattre sur les plateaux, testés dans les sondages et retenus comme hypothèse "possible" pour le second tour.

Réduits à la faiblesse de leurs scores présumés, les « petits candidats » relégués par les médias au rôle d’intrus, de figurant ou de trublion, se retrouvent alors par leur statut, contraints de sortir du lot, crier, bousculer et provoquer sans cesse, au risque de devenir inévitablement par un excès de forme, la caution animation de l’élection.

Embauchés à court terme, les « petits candidats » comme intermittents du spectacle, sont une composante majeure du folklore électoral. Souvent autonomes, en dehors des partis, ils sont le levain qui fait monter le niveau du divertissement. Au contact des leaders et professionnels du champ politique, ils agissent comme du poil à gratter, parfois aussi comme des rongeurs de voix, et ce malgré la pression en faveur du « vote utile ». Pour autant, leur rôle est essentiellement de relever le débat, pimenter la campagne et irriter la séquence par le biais de la proposition-choc ou de la petite phrase, du happening ou de la polémique de situation.

« Les petits candidats » pour certains fantaisistes, peuvent venir de la sphère politique mais également de la société civile, de la littérature, du sport, de la télé-réalité ou du monde de la chanson. Sur la scène du spectacle politique, tout le monde est le bienvenu. Aux yeux du conso-électeur, « les petits candidats», qui s’inscrivent dans la logique de profusion chère à la société du cumul et du nombre, renforcent l'illusion du choix dans la présentation de l’offre politique. La stratégie du casting élargi donne en effet l’impression d’une hétérogénéité des candidats et le sentiment d’un pluralisme politique, la sensation d’une diversité d’opinions et de courants : soit l’assurance d’une bonne santé démocratique. Ce n’est pourtant qu’un leurre.

Si le système spectaculaire encourage bien chaque citoyen à devenir un postulant potentiel à la fonction suprême par la notoriété et l’image qu’offre en retour l’effet de candidature, il ne braque in fine ses projecteurs que sur les ténors à deux chiffres, ne concentre son attention finalement que sur l’inévitable « duel médiatico-politique » préalablement vendu à l’opinion et duquel on doit par "crédibilité", "sérieux" et "cohérence", absolument sortir le vainqueur. 

François Belley

http://francoisbelley.fr

mercredi 30 juin 2021

Le spectacle politique de l’avant-présidentielle.


La séquence de l’élection présidentielle est la « pièce » électorale la plus spectaculaire, celle réservée traditionnellement aux acteurs-stars de la scène politique.

Pour autant, afin de maintenir l’intérêt pour un événement à vivre seulement tous les 5 ans, la séquence de l’avant-élection élargit toujours la liste des invités-participants à qui, il est demandé en retour, de s’agiter et de faire un maximum de bruit sur la ligne de départ.

Comme au Cinéma, on retrouve donc pour chaque élection, les premiers et les seconds rôles, les petits rôles et les figurants : chaque « candidat » se voyant bénéficier d’une couverture presse, attribuer des points dans les baromètres de popularité et flanquer d’une étiquette, collée sur la tête par l’hyper-personnalisation du débat public.

L’intérêt du spectacle « à voir » n’est pas tant la parenthèse, finalement courte, de l’élection présidentielle elle-même. Ce qui est intéressant pour le système spectaculaire, c’est ce qui se passe médiatiquement avant : c’est-à-dire la première partie du spectacle, celle qui doit chauffer le public, le préparer et le mettre dans les meilleures conditions psychologiques pour vivre intensément la dite représentation.

Les primaires comme "produit" relativement récent dans l’histoire de la vie politique mettent en place les personnages, nourrissent les divisions internes et installent les duels voire les guerres fratricides à venir. Toujours bien scénarisée, la saison des primaires comme préliminaire vient combler l’espace, le vide et doit servir de relais brûlant à l’élection qui suit.

En termes d’intérêt, d’intensité et de retombées presse, les primaires (qui reprennent les codes classiques d'une élection qui fonctionne) sont parfois aussi réussies que l’élection majeure. Les primaires doivent mettre en appétit l’électeur. C’est l’élection avant l’élection : la première séquence-surprise qui doit faire recette sur le marché.

La course au parrainage comme second amuse-bouche présentée au spectateur-électeur est l’autre grand moment de cinéma interprété par les candidats et mis en scène en coproduction avec les médias. De la recherche des signatures d’élus jusqu’à la mise en péril possible de la candidature, au coup de gueule sur les plateaux de télé en passant par le compte-à-rebours avant la date limite, les relances téléphoniques en direct ou encore les dépôts des 500 signatures à la dernière seconde jusqu'à la validation de candidature in extremis : le feuilleton de la toujours très instrumentalisée course aux parrainages permet au candidat, « victime du système » politique de ne jamais quitter l’écran de la représentation. Aux médias, le (faux) suspens, créé et rythmé chaque jour par des rebondissements, offrent l'opportunité de raconter une histoire dans l'histoire.

Néanmoins, la finalité reste jusque-là toujours la même : les grands candidats atteignent la ligne de départ. Quant aux petits, ils s'y arrêtent avant mais repartent, dans la poche, avec le capital médiatique qu’ils sont venus chercher. François Belley.

François Belley

http://francoisbelley.fr