La
séquence de l’élection présidentielle est la « pièce »
électorale la plus spectaculaire, celle réservée
traditionnellement aux acteurs-stars de la scène politique.
Pour
autant, afin de maintenir l’intérêt pour un événement à vivre
seulement tous les 5 ans, la séquence de l’avant-élection élargit
toujours la liste des invités-participants à qui, il est demandé
en retour, de s’agiter et de faire un maximum de bruit sur la ligne
de départ.
Comme
au Cinéma, on retrouve donc pour chaque élection, les premiers et
les seconds rôles, les petits rôles et les figurants : chaque
« candidat » se voyant bénéficier d’une couverture presse,
attribuer des points dans les baromètres de popularité et flanquer
d’une étiquette, collée sur la tête par l’hyper-personnalisation
du débat public.
L’intérêt
du spectacle « à voir » n’est pas tant la parenthèse,
finalement courte, de l’élection présidentielle elle-même. Ce
qui est intéressant pour le système spectaculaire, c’est ce qui
se passe médiatiquement avant : c’est-à-dire la première
partie du spectacle, celle qui doit chauffer le public, le préparer
et le mettre dans les meilleures conditions psychologiques pour vivre
intensément la dite représentation.
Les
primaires comme "produit" relativement récent dans
l’histoire de la vie politique mettent en place les personnages,
nourrissent les divisions internes et installent les duels voire les
guerres fratricides à venir. Toujours bien scénarisée, la saison
des primaires comme préliminaire vient combler l’espace, le vide
et doit servir de relais brûlant à l’élection qui suit.
En
termes d’intérêt, d’intensité et de retombées presse, les
primaires (qui reprennent les codes classiques d'une élection qui
fonctionne) sont parfois aussi réussies que l’élection majeure.
Les primaires doivent mettre en appétit l’électeur. C’est
l’élection avant l’élection : la première séquence-surprise
qui doit faire recette sur le marché.
La
course au parrainage comme second amuse-bouche présentée au
spectateur-électeur est
l’autre grand moment de cinéma interprété par les candidats et
mis en scène en coproduction avec les médias. De la recherche des
signatures d’élus jusqu’à la mise en péril possible de la
candidature, au coup de gueule sur les plateaux de télé en passant
par le compte-à-rebours avant la date limite, les relances
téléphoniques en direct ou encore les dépôts des 500 signatures à
la dernière seconde jusqu'à la validation de candidature in
extremis : le feuilleton de la toujours très instrumentalisée
course aux parrainages permet au candidat, « victime du
système » politique de ne jamais quitter l’écran de la
représentation. Aux médias, le (faux) suspens, créé et rythmé
chaque jour par des rebondissements, offrent l'opportunité de
raconter une histoire dans l'histoire.
Néanmoins,
la finalité reste jusque-là toujours la même : les grands
candidats atteignent la ligne de départ. Quant aux petits, ils s'y
arrêtent avant mais repartent, dans la poche, avec le capital
médiatique qu’ils sont venus chercher. François Belley.
François Belley
http://francoisbelley.fr