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lundi 5 juillet 2021

De l’importance du positionnement politique pour duper le conso-électeur.


Pour celui qui s’aventure sur le marché de la « politique spectacle » (professionnel de la politique, essayiste, présentateur télé, élu ou comique), le premier enjeu est de pouvoir sortir du nombre : c’est-à-dire marquer sa différence pour tenter d’éclore du bitume de l’hyper-choix et de l’ultra-contenus.

Tels la voiture « sans conducteur », la crème « anti-vieillissement », le jambon « sans nitrite » ou encore le smartphone « pliable », le candidat médiatico-politique doit par le choix stratégique d’un positionnement être perçu comme un produit singulier, novateur voire unique. Le positionnement politique agit en effet comme un repère pour le consommateur qui associe au patronyme une thématique et une promesse, une image, des mots clés et des « valeurs ».

Le positionnement censé répondre à la question « qui vend quoi ? » est une affaire de marketing avant tout : la résultante d’une étude du marché, de la concurrence, des segments électoraux disponibles et des tendances du moment. Le « bon » positionnement (comprendre celui qui est porteur aux yeux du conso-électeur) est souvent simple, identifié rapidement par le public et résumé clairement par les médias. « Le candidat du peuple », de « l’environnement » ou de « la ruralité », « Monsieur vaccin », « sécurité » ou « numérique », « le troisième Homme » ou « l’Homme providentiel » : le médiatico-politique suit les règles basiques de la classification de l’offre qui voit l’étiquette verte (Julien Bayou), bleue (Xavier Bertrand), rouge (Philippe Poutou) ou tricolore (Marine Le Pen) se coller sur le produit et le nom de marque sous-titré d’une formule sur-qualificative ("La France Unie", "Se battre pour Vous", "L'écologie évidemment"....), conçue pour accrocher et inciter à la prise en main.

Pour exprimer le positionnement du candidat médiatico-politique et mettre en lumière ses vrais-faux attributs, tout est pensé : des déplacements sur le terrain au choix des émissions de télé, en passant par le look, le langage, les sujets abordés, les propositions-choc et les petites phrases. Pour le bon déroulé du spectacle, il faut que sur le plateau de jeu, les positionnements de chacun des pions sur la case départ soient de couleurs différentes. Gare au doublon ! Les Hommes-copies au positionnement similaire sont souvent éjectés avant même le premier lancer de dés. François Belley "Politique spectacle"

François Belley

http://francoisbelley.fr

jeudi 24 juin 2021

L' art du suspense permanent.


Recette d'un thriller haletant, d'un film accrocheur ou d'une série réussie, le suspense est l'ingrédient indispensable du scénario pour tenir en haleine le lecteur, le spectateur comme le conso-électeur. Au sein de la politique-spectacle, entretenir le flou, c’est entretenir la flamme. Celui qui sait laisser planer le doute sur ses intentions, jouer avec la rumeur, se dire « intéressé » tout en écartant, habilement de l’ordre du jour la question posée sur ses ambitions personnelles gagne aussitôt l’attention des médias et du public. « Se présentera-t-il ? », « Se déclarera-t-il ? », « Se lancera-t-il ? » : le vrai-faux suspense médiatique propre à tout bon récit est un moyen facile de faire monter les enchères, laisser les débats se faire et les publications envahir les réseaux sociaux comme les moteurs de recherche.

« Je ne sais pas », « si l’opportunité se présente», « je me prépare au cas où », « si les conditions sont réunies », « je n’exclus rien », « je me déciderai au moment venu » : à la veille d’une élection majeure, le médiatico-politique se montre prévisible dans l’exercice télévisuelle de l’incertitude. Pour garder du temps d’antenne, condition sine qua none à l’existence médiatique, l'aspirant présidentiable esquive la réponse, sème le trouble et, si le journaliste reformule et insiste trop, largue tel un pilote de bombardier les éléments de langage du spectacle.

Pour des raisons tactiques, le médiatico-politique, aussi stratège qu’un professionnel de la politique, attend et entretient le suspense. Adepte du teasing, il fait confiance pour une fois au temps long pour acquérir de la valeur auprès des masses. Pour gagner la bataille de l’image et remporter le débat de personnes, celui qui est vu et présenté comme un « candidat probable » sait spéculer sur sa petite personne. À l’appui d’un schéma rhétorique rôdé, "le politique" se dit d’abord « dans une phase d’écoute », puis « prêt au débat » avant de se lancer officiellement... ou non. Cette dramaturgie est un jeu de dupes. Si elle sert à la fois le médiatico-politique et le journaliste en quête de la déclaration attendue, de l’annonce exclusive et du scoop à vendre, les intentions et les destins des coureurs sont souvent bien connus en coulisses. François Belley. Politique spectacle.

François Belley

http://francoisbelley.fr