vendredi 15 octobre 2021

Oscar du « meilleur » acteur.


L
es Hommes politiques sont des acteurs comme les autres. Dans le contrat tacite qu’ils signent avec leur public, les politiques doivent paraître « vrais », « authentiques », aussi selon les jours « proches des gens » et « à l’écoute des jeunes », « dynamiques » et « volontaires ». Alors pour çà, les politiques se « griment » et « portent » des costumes, jouent des rôles et enfilent des masques.

Les Hommes politiques sont des hommes de scène avant tout. Pas étonnant donc qu’ Obama aurait « rêvé d’être Beyoncé » (Août 2015). Debré « rêvé d’être acteur » (Les Echos, Avril 2016) et Castaner « rêvé d’être un chanteur de Hard Rock » (Paris Match, Août 2017).

Avec le désir de rester en « haut de l’affiche », le médiatico-politique a un profil psychologique similaire à la star du show-business. Sur scène, seuls le texte et les auteurs changent. Comme la vedette, l’Homme-planches de la politique – de Reagan à Trump en passant par Berlusconi et Trudeau - aime l'apparition public, la lumière et la célébrité.

Dans la politique spectacle, tout est théâtre, devoir de représentation et affaire de masque : ce masque que le politique porte si facilement pour amuser mais aussi pour cacher voire travestir la personnalité d’origine. Comme le maquillage ou le costume qui modifient l'apparence, le masque est l’outil même de l’illusion. C’est lui qui transforme. Lui qui fait entrer l’Homme de scène dans la peau du personnage qu'il joue. Lui encore qui projette aussitôt dans l’identité d'acteur.

Chez Emmanuel Macron à qui l’on peut d’ores et déjà décerné le titre d’ « oscar du meilleur acteur », la capacité à endosser « le rôle de » est une constante. Comme Obama interprète d’exception qui – devant les caméras – tirait à la carabine, jouait au basket, bowling ou au golf, l'artiste est complet. Emmanuel Macron peut en effet passer de « Jupiter » à l’air grave marchant seul dans la nuit au son de l’Hymne à la Joie, à « Tom Cruise » dans Tom Gun lors d’une visite militaire au milieu offensif d’une équipe de foot « all stars » opposée… à un 11 de soignants (laminés 6-1 avec bien sûr but de Macron sur penalty). Tel l'acteur, Emmanuel Macron s'adapte au rôle, qui correspond à la séquence et au sujet du jour, au débat et à l'enjeu du moment. Porté par le récit d'une narration toujours livrée en images, Emmanuel Macron continue de se vendre et de distraire les foules. Il sait aussi qu'il discrédite la fonction présidentielle, plus largement celle du politique dont les apparitions – sous forme de happening - n'amusent plus personne désormais.

François Belley

http://francoisbelley.fr