jeudi 13 avril 2023

Le come-back des « anciens » ou le retour de la marque-refuge.


Dans l’univers commercial, la « marque » a un pouvoir  indéniable : celui d’être un gage de sécurité. Signe d’authentification, la « marque » représente pour le consommateur un crédit, une caution : autrement dit l’assurance d’une confiance. Dans les linéaires, la marque constitue donc un repère.

Pour être une « marque », il convient – au-delà d’acquérir une notoriété préalable - de développer un signe reconnaissable mais aussi et surtout de se créer un territoire de légitimité, un positionnement original, une identité différenciatrice. Il en va de même en politique où B. Kouchner (humanitaire), J. Lang (culture), J. Bové (alter-mondialisme), S. Royal (féminité), Obama (coolitude) jusqu’à S. Rousseau (éco-clash féministe) ont su s’inscrire, avec leur style, dans une logique de marque totale et décomplexée.

Actuellement, le come-back des « anciens » est à ce titre révélateur.

Dominique Strauss-Kahn qui donne via Twitter son avis sur la réforme des retraites (11/04/ 2023) ; Manuel Valls qui invite à « trouver les voies de l'apaisement » à l’appui d’un parcours médiatique à nouveau balisé (12/04/2023), Jean-Pierre Raffarin qui « prône «l'apaisement» et « l’alliance entre Renaissance et LR » (13/04/2023), sans compter François Hollande qui continue d’envoyer des « cartes postales » médiatiques signent le retour de la « marque-refuge », celle qui est censée « rassurer » le consommateur dans une période sombre et instable.

Aussi, la question posée aujourd’hui au citoyen est simple.
Dans une ère multicrise (covid, guerre, climat, inflation, retraites...), le politique professionnel, fort de son expérience, peut-il revenir au premier plan malgré une image pour le moins ternie ? Peut-il dépasser les scandales, les affaires et les échecs conférant à son nom ? Peut-il repousser la force d’évocations liées à son histoire et sa réputation ? Autrement dit, peut-on faire de nouveau confiance à la « marque » ? Perrier (et ses traces de benzène dans ses bouteilles, 1991), Total (et le naufrage de l’Erika, 1999), Buffalo Grill (et ses deux victimes de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, 2002), Findus (et sa viande de cheval retrouvée dans ses lasagnes, 2013), ou encore Balenciaga (et sa campagne de pub controversée, 2023) qui, dans leurs parcours respectifs ont connu des crises majeures, viennent le démontrer. Ainsi est le consommateur : versatile, parfois amnésique, suite au choc du marketing et de la communication tout azimut.

Cette séquence politique qui remet au premier plan les marques « DSK » (économie), « Valls » (sécurité) ou encore « Raffarin »(gouvernant raisonnable), vient nous rappeler, une nouvelle fois, que l’offre politique peine à se renouveler et qu’en politique, on ne meurt (vraiment) jamais.

François Belley
publicitaire et essayiste
auteur de l'essai " Le Nouveau Spectacle politique " (Éditions Nicaise, 2022).