L’info-spectacle est un métronome à balancier avec d’un côté les réseaux sociaux et de l’autre les chaînes d’info, tous deux chargés de régler le tempo de l’actu, de maintenir le ton sensationnaliste et d’imposer le rythme de l’immédiateté.
Sur le marché de l’actu, les chaînes d’info se distinguent par un fonctionnement en continu et une info brute sans hiérarchie, mise en boîte comme une série et relayée en boucle de manière obsessionnelle. C’est toutefois avec « le direct » comme priorité qu’elles se distinguent plus particulièrement et avec « l’édition spéciale » comme mode de traitement, qu’elles accrochent le public et construisent leurs succès d’audience.
Le direct est aux chaînes d’info ce que le live est aux réseaux sociaux : la promesse d’un suspense filmique, d’images exclusives et de commentaires à chaud : soit autant de sensations fortes garanties à un spectateur, accro aux émotions de la mise en spectacle du réel. Parce qu’il faut toujours avoir quelque chose à dire et à montrer à l’écran, les chaînes en continu peuvent avec le système de l’édition spéciale se permettre à tout moment d’interrompre leur programme pour basculer tout à coup dans un autre monde : celui de la démesure et de l’hystérie de l’information.
Sur les chaînes en continu, le spectacle repose sur le dispositif avant tout : sur la composition du plateau, les équipes envoyées sur place et les témoignages du terrain. Autrement dit, sur les moyens audiovisuels spectaculaires mis en œuvre pour couvrir l’événement. Pour les chaînes d’info, tout est donc actu, même la non-actu qui, avec un simple duplex de circonstance, l’image forte et la bonne déclaration, devient à l’écran un événement.
Nourrie directement par des citoyens-reporters encouragés en leur qualité de « grand témoin » du réel à envoyer à la chaîne leurs contenus autoproduits, l’info non-stop et en direct est devenue avec les nouveaux moyens de communication un spectacle participatif. Lequel, dans son modèle éditorial, préfère l’instantanéité au recul, privilégie l’émotion à la réflexion et mise sur la recherche du scoop plutôt que sur la vérification des sources.
Sur les nouvelles chaînes de spectacle en continu, c’est la forme du clash, de l’interview ou de l’annonce qui compte. Le fond des sujets n’est qu’un prétexte à la fabrique du divertissement.