lundi 20 novembre 2023

JAVIER MILEI OU L’ÂGE D’OR DE LA POLITIQUE-SPECTACLE.













Pour performer dans le débat public à l’heure de la société du spectacle - aujourd’hui global et total -, le politique doit requiert 3 « qualités » indispensables.

1- D'abord, nul besoin d’être reconnu, il faut être connu !
Pour réussir dans le spectacle politique, la notoriété est indispensable. Sans elle, pas de reconnaissance du public, donc pas d’acte d’achat possible. Dans les linéaires, un produit à forte notoriété constitue en effet un gage de qualité et de sécurité, de garantie et de réassurance pour un conso-spectateur formaté qui, dans son gros caddie, met de préférence ce qui est connu et déjà vu. Economiste de formation, Javier Milei s’est fait connaître médiatiquement (dès 2014) comme « expert » à grands coups de plateaux de télévision et de radio, avec le style polémique, anti-système et punchliner qu’on connaît aujourd'hui.

2- Ensuite, nul besoin d'être compétent, il faut être populaire !
Pour épouser l’époque spectaculaire, il convient, à l’ère du diktat de l’image, conquérir le cœur plutôt que la tête des électeurs. Sur le marché du spectacle politique en effet, la popularité qui s’exprime chaque jour à travers des enquêtes et des sondages quotidiens, est devenue avec l’audience en ligne et la notoriété, l’un des premiers niveaux de lecture pour jauger la crédibilité d’un « candidat probable » puis d'un « candidat sérieux »... selon les critère de la "politicgame". Populaire, Javier Milei le deviendra dans l'opinion à grands coups de propositions chocs, de déclarations volontairement à contre-courant : soit la stratégie dite du dissensus vendeur.

3- Enfin, nul besoin d'être un professionnel de la politique, il faut avoir le sens du spectacle !

Pour gagner les faveurs des médias et rester au zénith du Trendtopic, il faut "buzzer", toujours "buzzer", encore "buzzer", savoir braquer l’actualité en permanence, entrer dans la peau d’un personnage, multiplier les masques et respecter, comme au théâtre, le devoir de la scène. Ancien chanteur de rock et joueur de footballeur, mi Noel Gallagher mi George Best, Javier Milei comme nouvelle pop star de la politique cultivera ce sens du spectacle par le biais d'apparitions toujours happening aussi bien dans la rue avec sa tronçonneuse que dans ses meetings aux airs de concerts grunge dont il manquera seulement le slam final de l'artiste.

L’élection de Javier Milei (comme hier celle de Trump ou Zelensky ) démontre que, dans la société du spectacle, la com pour la com est en réalité faite pour la conquête du pouvoir, finalement relativement simple. Une chose est sûre en revanche, la com pour la com est par la suite tout simplement inapte à l’exercice du pouvoir. Nous continuons de le constater un peu plus chaque jour.

François Belley,
Auteur de " L'homme politique face aux diktats de la com "
(Institut Diderot, 2023)
https://lnkd.in/emx5MGfS