Le syndrome Manuel Valls.
L'échec de l'ancien premier ministre dès le premier tour des législatives est un marqueur dans la vie politique française. Il signe sinon illustre parfaitement le déclin du "professionnel de la politique", lié au mieux au trop plein de com’ et à la sur-promesse ; au pire au carriérisme, aux affaires et à la seule quête du pouvoir pour le pouvoir. Déconnecté du réel, le professionnel de la politique, au cumul facile, n'imprime plus. Distancé, il ne convient plus à l'époque, en attente désormais d'authenticité, de sens et d'action. La mode du dégagisme reposait sur la volonté de sortir les sortants. Le syndrome Manuel Valls, lui, va balayer par principe les professionnels de la profession. Ce n'est qu'une question de temps. L'ère de l'ubérisation est là. Et la politique n'y échappera pas.
Le temps du néo-politique.
Diktat de la société sociale-médiatique oblige, la matrice du spectacle recherche néanmoins toujours des têtes spectaculaires qu'elles encouragent, une fois l'audience et la notoriété acquises, à se lancer dans l'arène politique. Depuis l’inversement où tout homme connecté a désormais le droit au spectacle, c’est l’anonyme, connu, vu et entendu, qui fait l’actu politique. Peu importe son discours et sa ligne, ce que l'on veut et exige, c'est d'entendre le boulanger s'émouvoir, le gardien de la paix s'indigner, l'ex-vainqueur de Koh-Lanta polémiquer, le chroniqueur télé, l'humoriste ou le postier clasher. C'est l'ère du néo-politique : ce non-professionnel de la politique devenu candidat à tout et qui, dans l'écran du spectacle, assure le renouvellement du show.
Le nouveau spectacle politique.
Mise en scène de la vie privée ; omniprésence dans les talk-shows, marelle dans une cour de récréation ; concours d’anecdotes avec des youtubeurs : la politique-spectacle pratiquée jusque-là par un politique discrédité, ne surprend plus un public lassé des vieilles ficelles du marketing ; n’amuse plus non plus le système spectaculaire au besoin de renouveler les têtes comme le contenu. Place désormais au "nouveau spectacle politique" permis par les réseaux sociaux, lesquels ont, en quelques années seulement, changé LE et LA politique.
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Par François Belley, essayiste,
auteur de l'essai " Le Nouveau Spectacle politique " (Editions Nicaise, paru le 07 avril 2022).