mercredi 18 mai 2022

L' ÈRE DES RADICALITÉS.

 

 

Oyez, oyez, Mesdames et Messieurs,

vous êtes lá : formatés pour le spectacle !

 

Aujourd'hui, c'est noir ou blanc. Il faut être "pour" ou "contre", "côte à côte" ou "face à face": c'est forcément glacial ou brûlant ! Dans la nouvelle société du spectacle, il n'y a pas ou plus de place pour la nuance, le recul, la mise en perspective permise par le temps long.

Oyez, oyez, Mesdames et Messieurs, vous êtes lá : formatés pour le spectacle !

Imposé par l'ère du tout-numérique, le temps court, propre à l'émotion, pousse aujourd'hui à s'engager, si possible sans réfléchir : l'époque sociale-médiatique de toute façon n'a pas le temps de penser, de s'interroger et de poser le problème. Pas assez rentable sans doute. Pas vraiment d'intérêt non plus sur le fond, puisqu'il n'existe plus.

Pressée par le spectacle (le sacro-saint "contenu") qu'elle doit produire sans cesse pour divertir les foules, l'époque sociale-médiatique doit prendre parti tout de suite, être pour ou contre immédiatement, se ranger d'un côté ou de l'autre sur le champ.

Paradoxalement, on est passé du "en même temps" macroniste commenté par tous au "tout ou rien" spectaculaire validé par tous.  Ainsi va la mode et le champ politique n'y échappe pas.

Oyez, oyez, Mesdames et Messieurs, vous êtes lá : formatés pour le spectacle !

Conséquence de l'ère numérique et des réseaux sociaux, du diktat des vues et de la logique du "putaclic", cette tendance à la radicalité touche aujourd'hui tous les sujets du champ politique :

- d'abord, les blocs politiques réduits au nombre de trois aujourd'hui.

Minimaliste, l'époque-spectacle veut désormais de la clarté dans l'offre : en gros aucune nuance. Alors, elle propose dans les linéaires prêts-à-voter : une gauche très à gauche ; une droite très à droite et un macron très macroniste.

Oyez, oyez, Mesdames et Messieurs, tenez-vous prêts bientôt, dans l'arène sociale-médiatique, à débattre, à défendre chacun votre extrême et surtout... à vous battre en ligne pour le spectacle.

- ensuite, sur le plan des candidats (beaucoup plus intéressant maintenant),

l'époque spectacle propose dans le cadre des prochaines législatives par exemple :

- soit des professionnels de la politique (Ministre, députés, maires et autres élus) ;  

- soit carrément des amateurs de la politique (ce que j'appelle des "néo-politiques"), tels des boulangers, des gardiens de la paix ou carrément des ex-vainqueurs de Koh-Lanta...

Bon maintenant, vous connaissez le refrain de de ce texte.

Oyez, oyez, Mesdames et Messieurs, ces candidats-lá, castés, sont formatés pour le spectacle !

- enfin, sur le plan du commentariat (l'autre pollution de ce siècle) produit par" la nouvelle foule" (ce que j'appelle le public contemporain),

la matrice, par le diktat de son réflexe ("j'aime", "je partage", "je signale", "je bloque"...) et de son format (nombre de signes réduits, stories, durée de vie limitée du post...) ne peut qu'engendrer, en masse, de la radicalité dans le contenu "pensé" et publié, c'est-à-dire du clash, du trolling, de l'insulte, du harcèlement : mère du nouveau spectacle politique. 

Eh bien, c'est cette nouvelle radicalité à la mode, que je décris en long, en large et en travers dans l'essai-critique "Le Nouveau Spectacle politique" paru aux éditions Nicaise le 07 avril dernier.

Par François Belley, 

Essai à découvrir ici ▼

https://www.amazon.fr/Nouveau-Spectacle-politique-Francois-Belley/dp/2493489012