vendredi 12 novembre 2021

Le spectacle de la larmichette.

L’émotion est un registre de com’ apprécié et recherché des acteurs politiques.

Chez l’homme ou la femme politique, l’émotion crée de l’authenticité, humanise, normalise aussi à l’heure de la défiance et de la distance du politique. L’émotion que l’on recherche, créée et scénarise dans l’espace public, s’adresse à la sensibilité des foules, touche le cœur des masses, réveille les passions de l’électorat. Parce qu’elle s’inscrit s’inscrit dans une logique de séduction, elle fait office de pensée, de message et de programme.

Sur la scène du théâtre politique, les larmes lorsqu’elles coulent sont donc devenues une arme de communication. Celles d’E. Macron lors du 11 novembre ou de B. Obama lors de son dernier discours (janv 2007), celles de S. Royal lors de sa défaite cinglante aux primaires (oct 2011) ou de J. Trudeau dans les locaux du parlement (oct 2007), celles d’A. Corbière sur un plateau de télévision (fév 2018), de N. Hulot lors de l’annonce de sa démission (Sept 2018) ou d’A. Juppé lors de ses adieux à sa ville de Bordeaux (fév 2019) : les larmes - naturelles ou non - font sortir l’homme politique de sa fonction, percent la bulle de l’intimité.

Comme au cinéma, au tâtre ou dans le sport, l’émotion est attendue par le spectateur. Pour les médias, les séquences en sanglots, qui plus est en direct, valent de l’or. Pour le politique, elles créent de la publicité. Pour son caractère humain, elles font naître de la compassion, de la sympathie et de la proximité chez l’électorat. Dans nos sociétés d’image avant tout, mieux vaut être porté sur l’émotion que sur la raison. L’adhésion, l’approbation, le soutien, exprimés par « le commentaire », « l’abonnement à », « le like », « le retweet » ou « le vote », sont souvent le fruit d’une émotion savamment construite.

François Belley

http://francoisbelley.fr

Voir l'interview donnée à Atlantico sur l'émotion en politique. 

https://atlantico.fr/article/decryptage/ames-sensibles-s-abstenir--pourquoi-il-faut-etre-une-machine-de-guerre-pour-faire-de-la-politique-meme-si-on-pleure-comme-cecile-duflot-ou-segolene-royal-francois-belley-rene-zayan

 

 

mardi 9 novembre 2021

De Gaulle : mètre-étalon de la politique.

Pour les médias comme pour les politiques, le temps commémoratif est aussi le temps de la célébration spectaculaire, celui du « vu » et du « à voir ». Bicentenaire de la Révolution française, centenaire de l’armistice, hommage à Jeanne d’Arc, appel du 18 juin, cinquantenaire de la mort du général de Gaulle : le rebond sur le calendrier permet au politique de s’approprier l’actualité et se sculpter une stature, faire passer des messages et récupérer à son compte l’Histoire avec ses symboles et ses forces d’évocations.

Le médiatico-politique aime jouer avec les dates, les lieux et la mémoire des grands Hommes comme il sait aussi jongler avec les chants et les discours, les chorégraphies et les minutes de silence : c’est le principe du marketing du souvenir, de la célébration et de l’hommage.

À l’instar des grands événements sportifs, il n’y a rien de mieux que « l’hommage » à vivre à travers l’écran du spectacle pour offrir à la population le moment de communion, les belles images et la dose d’émotions qu’elle attend. « Panthéonisation », « hommage national », « remise de médailles » ou de « badges de l’engagement », « applaudissements à 20h sur les balcons » : hier pour les héros de la Nation, les militaires, les policiers ou les sportifs, aujourd’hui pour ceux du quotidien, les soignants, les profs, les activistes et même les animaux, la distinction populaire comme prestige social, même à titre post-hume, n’échappe pas au diktat du visible spectaculaire.

À l’heure de la défiance presque totale à l’égard du politique, la commémoration (en lieu et place du meeting) s’impose au sein de la vie politique comme le dernier grand spectacle des émotions. Récompenser un geste héroïque, un engagement militant ou simplement l’incarnation d’une noble cause : pour le système spectaculaire, les honneurs doivent être avant tout médiatisés et suivre le processus de vente classique de la marchandise du « à voir ».

Cité de façon abusive dans les discours de droite comme de gauche, le Général de Gaulle est utilisé par le médiatico-politique essentiellement pour son image et sa force d’évocations. Dans l’inconscient collectif, le Général de Gaulle incarne la République. Il est l’image de l’appel du 18 juin, de la Résistance et de l’homme providentiel : soit la posture recherchée par tout Homme politique. Se référer au Général de Gaulle, c’est l’assurance de ne pas cliver l’électorat. C’est s’acheter une histoire et des valeurs, une morale aussi («Vous imaginez le général de Gaulle… ?»). Avec de Gaulle, le politique se réapproprie le roman historique. Il s’associe dans les mots à un type de leader politique qui n’existe plus aujourd’hui. Le Général de Gaulle est le mètre étalon de la politique.   

François Belley

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dimanche 7 novembre 2021

Le niveau 0 de la politique.


Les émissions de divertissement sont désormais l’espace d’expression privilégié de l’homme politique d’aujourd’hui, construit essentiellement sur l’apparition, l’image et l’émotion. Avec la séquence politique spectaculaire qui s’est ouverte, voilà donc le retour sur les écrans d’Une ambition intime, après une saison 1 surprenante qui avait vu passer sur le canapé de Karine Le Marchand - à l’humour revendiqué « en dessous de la ceinture » - les candidats A. Juppé, N. Sarkozy, F. Fillon ou encore F. Bayrou, venus à l’époque dans un objectif d’exposition et de popularité, de sympathie de proximité : des candidats-spectacle qui connurent tous ensuite l’échec dans les urnes.

Pour cette saison 2, même concept de divertissement : le politique filmé dans son intimité est invité à se mettre à nu devant les Français, et ce à travers des questions extrapolitiques qui concernent la vie privée et le couple, le mari, la colocatrice et les enfants, les chats, les courses ou le jardinage. À ceci près que pour cette saison 2, la nouveauté marketing réside sur le parti-pris d’un casting politique « 100 %  féminin » (avec A. Hidalgo, V. Pécresse, M. Le Pen, R. Dati, M. Schiappa), en écho sans surprise à l’air du temps. La télévision est ainsi faite qu’elle suit toujours la direction du vent et de la manche à air. Ainsi, le téléspectateur découvrira-t-il dans cette émission la passion de V. Pécresse pour le fromage et celle de M. Le Pen pour le jardinage. Ce qui aidera sans doute le citoyen à se faire une opinion et à l’aider dans le choix de son futur candidat.

Une Ambition intime est le niveau 0 de la politique. Cette émission atteint en revanche le niveau maximal de la politique-spectacle. Qu’importe si l’animatrice (présentatrice de L’Amour est dans le pré) n’est pas une spécialiste des questions politiques ni même une journaliste : le « monsieur Loyal » de la politique est là, avant tout, pour présenter le programme et divertir le public, accroc au people et à la faille, la confidence et la punchline de l’homme ou de la femme de pouvoir. Dans cet exercice de pipolisation pure, il n’y a pas de contradiction ni de sérieux, pas d’idées ni de débat possible. C’est pourquoi les questions sont légères. Le ton est complaisant, l’ambiance sympathique et l’air agréable. Avec Une Ambition intime, c’est le règne absolu du non-sérieux, la victoire du ludique, le sacre de l’anecdote et du secondaire. Dès lors, si les sujets « politiques » sont abordés, ils le sont d’abord du coin des lèvres, traités de toute façon par le prisme du divertissement, du second degré et de la blagounette, de l’image et de la dérision.

À la recherche d'un retour rapide sur investissement, le politique d’aujourd’hui – en s'offrant si facilement au jeu de la mise en scène, du roman-photo, de la confidence, de la story ou de l’interview-confession livrée à la commande – répond une fois de plus au diktat de la séduction, modèle dominant de nos sociétés du paraître. Désormais, dans toutes les sphères politiques, économiques, sportives, artistiques, culturelles ou médiatiques, il faut plaire : charmer à tout prix le chaland pour espérer le convaincre. Pour conquérir le pouvoir, il faut, à l’écran, devenir irrésistible à l’aide d’artifices esthétiques, vestimentaires ou narratifs. Alors le politique se montre et raconte, apparaît, se dévêtit et pose, travaille son regard et soigne son look, répète son sourire et sur-joue la proximité, autrement dit, excelle dans le travestissement et le pathos : un jeu de rôle et une extimité qui relèguent de fait le candidat, l’élu ou la ministre au rang de marchandise, de produit de consommation formaté pour les ventes et l’audimat.

À première vue, l’émission de divertissement (à travers le people-politic, l’infotainement ou le talk-show...) est un format gagnant-gagnant pour les chaînes de spectacle comme pour l’invité politique. Le candidat a en effet l’assurance de toucher un public ayant fui la sphère politique ; de ne pas lasser le téléspectateur avec un discours trop technique ; de ne pas être non plus déstabilisé par l’intervieweur, faute de sujet de fond et de maîtrise. Quant à la chaîne et l’animatrice du programme, en mariant deux univers (politique et divertissement) qu’a priori tout oppose sur le papier, elles s’assurent de toute évidence d’un gros coup de pub et, par le contenu créé à voir et à revoir, peuvent se targuer d’avoir ainsi fait parler de l’émission, avant et surtout après sa diffusion. Soit le graal de tous les producteurs de spectacles.

Dans cette relation bipartite exclusivement , il y a toutefois un grand perdant que l’on continue de malmener et de dévaloriser en public, d’humilier et de piétiner à l’écran, de discréditer et de dévaluer à une heure de grande écoute. Et ce grand perdant : c’est la fonction et la discipline politiques. Objet de contemplation pour les masses qui ne distinguent plus le privée du public, la mise en scène de l’intimité viserait à normaliser le politique (devenu prisonnier de la forme), mettre à distance la fonction et se rapprocher de l’électorat. Selon le dossier de presse de l’émission, Une Ambition intime ambitionnerait même de « faire avancer les choses ». Dont acte.

En réalité, c’est tout l’inverse. Au service du système spectaculaire, ces émissions qui "divertissent" le dimanche soir, émeuvent et dupent les foules regardantes, nuisent à la politique et décrédibilisent définitivement son personnel.

François Belley

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lundi 25 octobre 2021

La commedia dell'arte médiatico-politique.












Les Hommes politiques sont des acteurs comme les autres !

Dans le contrat tacite qu’ils signent avec leurs publics respectifs (classes populaires, csp+, jeunes, retraités...), les politiques doivent donc paraître « vrai » : c’est-à-dire jouer «l’authenticité » dans les mots, les gestes, les postures comme les combats menés. Selon la loi du théâtre, le bon comédien doit répondre à son devoir de représentation. Ainsi, le comique (tel Hanouna) se doit dêtre publiquement toujours drôle, l’opposant (Mélenchon) se montrer contre par principe et le polémiste (Zemmour) créer la controverse en permanence. Rester fidèle et conforme aux attributs distinctifs du personnage tel qu’il est perçu par les masses, voilà l’enjeu pour l’Homme de plateau.

Masque de la colère, de la révolte ou de l’indignation, masque de la compassion, de la victimisation ou de l’injustice, masque de l’opposition, de l’autorité ou encore de la proximité : l’apparition sur la scène social médiatique (plus largement dans l'écran du spectacle) demande le port obligatoire du masque théâtral. Symbole de la commedia dell' arte, plus largement du divertissement, le masque destiné à cacher, travestir, amuser ou à représenter un autre que soi efface la personnalité d’origine. Comme le maquillage ou le costume qui modifient l'apparence, il est l’outil de l’illusion. Le port du masque (utilisé ici dans son sens symbolique à travers le rôle joué devant la caméra de télévision ou de smartphone) transforme. Il fait entrer l’Homme de scène dans la peau du personnage qu'il joue. Il projette aussitôt dans l’identité d'acteur. Le temps de l’apparition-média, l'emprunt du « masque de » agit sur le comportement, conditionne la communication verbale et non verbale de celui venu pour brûler les planches.

En fonction du rôle attribué sur le plateau ou devant la caméra, l’invité du spectacle peut s'agiter sur sa chaise, parler avec son corps, appuyer le regard, élever le niveau de sa voix, froncer les sourcils et pointer du doigt son interlocuteur. L’invité du spectacle peut sourire, pleurer également si le personnage et son texte l’exigent. Comme dans la Tragédie, le masque doit être expressif. Le « masque de » dépend de l’actualité et du débat du jour, de l’offre disponible sur le marché des têtes spectaculaires, aussi de la production en charge de l’homogénéité et de l’explosivité du casting. Ainsi, l’indigné du jour n’est pas toujours celui de la veille ni celui du lendemain. Pour le besoin du spectacle, le masque se propose, s’accepte et se porte avec plus ou moins d’habilité, selon la qualité du texte, l’expérience de la scène, le niveau d’exigence et de préparation de l’acteur.

François Belley

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L' apogée de la politique spectacle.


Mesdames et Messieurs, le moment est historique. Ouvrez bien vos yeux et tendez bien l'oreille : nous allons vivre l'apogée de la politique spectacle !

Comme l'avait été Donald Trump en 2016 aux États-Unis, Éric Zemmour présenté par la presse comme un "phénomène" constituera la grande attraction de la présidentielle de 2022. Nouvelle illustration ce matin avec une énième scène de théâtre (politique) où dans une émission-concept " Face à la rue " présentée par Jean-Marc Morandini (journaliste people), Éric Zemmour (essayiste pas encore candidat) enlève sa cravate en direct pendant qu'une femme (anonyme qui ne l'est plus) ôte son voile ! Par son statut de non professionnel de la politique, le produit " Zemmour", forcément attractif dans les linéaires, sera donc celui autour duquel le spectacle politique de cette nouvelle élection va s'organiser. Aussi, chaque déplacement d'Éric Zemmour sera scruté ; chacune de ses déclarations commentée ; chacun de ses mots, faits et gestes sera débattu sur les plateaux télé. C'est lui et lui seul - c'est écrit - qui alimentera les séquences et fera l'actualité, créera les débats et les polémiques, garantira à la presse, les ventes et les audiences. Ce sera d'abord "la déclaration de candidature" puis "la course aux parrainage", "les ralliements" ou encore "les débats événement" à 2, 5 ou à 11 candidats : les séquences spectaculaires autour du "Z" sont d'ores et déjà inscrites dans le calendrier.

Mesdames et Messieurs, accrochez-vous ! Nous allons vivre l'apogée de la politique spectacle, celle qui placera plus que jamais la com et la forme, l'image et la personne au centre de tout.

Avec l'élection présidentielle " américaine" de 2022, nous allons vivre l'apogée de la politique spectacle pour trois raisons majeures :

- la première d'abord, parce que les réseaux sociaux (contrairement à 2012 puis à 2017) connaissent actuellement leur phase de maturité. L'annonce ces prochains jours du changement de nom de facebook est un marqueur. Aujourd'hui, les " Réseaux " connaissent en effet leur âge d'or, en termes d'offre, de fréquentations, d'audience comme de production. Aussi, cette présidentielle va être celle assurément du contenu numérique : des fake news, des trolls, des thread voire des deepfake. Mesdames et Messieurs, le spectacle sera numérique. Tout sortira des plateformes sociales et des smartphones : le bras armé du spectacle. Vous êtes prévenus.

- la seconde ensuite, parce que le casting pour cette édition n'a jamais été aussi pauvre. Sur la ligne de départ en effet, pas de leaders, pas de tribuns, pas d'hommes d'idées. Alors pour exister sur une scène politique devenue exclusivement médiatique, les candidats au spectacle (de Y. Jadot à A. Hidalgo en passant par X. Bertrand ou N. Dupont-Aignan..) vont multiplier d'ici avril 2022 les coups médias, les happenings et autre opérations de buzz et de guérilla-écran.

Mesdames et Messieurs, ne vous attendez donc pas à des débats de fonds et à une bataille d'idées mais à une course permanente à l'exposition et à l'excès, au trend topic, à l'alerte-info et aux bandeaux d'actualité.

- la troisième enfin, parce que le système social-médiatique dans son ensemble - de la plus confidentielle des chaîne Youtube aux chaînes d'informations en continu installées - voit dans cette séquence électorale une opportunité événementielle pour booster leurs audiences, leurs vues et leurs abonnés. Le spectacle du "politique" présenté sous toutes ses formes, "en live", "face à la rue", "dans l'intimité" ou "avec les Français" va pulluler. Les concepts (marketing) d'émissions autour des candidats vont fuser, se développer et se diffuser jusqu'à l'overdose à travers la société multi-écrans.

Sans compter que le combat sera également entre les médias, entre le privé et le public, entre Cnews et France Inter : un combat à distance aussi entre éditorialistes clivants, experts et animateurs volontairement hystériques pour le besoin du show.

Mesdames et Messieurs, le spectacle politique qui sera avalé comme une série Netflix, à la carte, sera global et total. Et tout le monde prendra sa part. Quand il n'y a pas ou plus d'idées, il ne reste hélas plus que le spectacle. Mesdames et Messieurs, il faudra vous y faire. Ou éteindre tous vos écrans, les uns après les autres.

François Belley

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vendredi 15 octobre 2021

Oscar du « meilleur » acteur.


L
es Hommes politiques sont des acteurs comme les autres. Dans le contrat tacite qu’ils signent avec leur public, les politiques doivent paraître « vrais », « authentiques », aussi selon les jours « proches des gens » et « à l’écoute des jeunes », « dynamiques » et « volontaires ». Alors pour çà, les politiques se « griment » et « portent » des costumes, jouent des rôles et enfilent des masques.

Les Hommes politiques sont des hommes de scène avant tout. Pas étonnant donc qu’ Obama aurait « rêvé d’être Beyoncé » (Août 2015). Debré « rêvé d’être acteur » (Les Echos, Avril 2016) et Castaner « rêvé d’être un chanteur de Hard Rock » (Paris Match, Août 2017).

Avec le désir de rester en « haut de l’affiche », le médiatico-politique a un profil psychologique similaire à la star du show-business. Sur scène, seuls le texte et les auteurs changent. Comme la vedette, l’Homme-planches de la politique – de Reagan à Trump en passant par Berlusconi et Trudeau - aime l'apparition public, la lumière et la célébrité.

Dans la politique spectacle, tout est théâtre, devoir de représentation et affaire de masque : ce masque que le politique porte si facilement pour amuser mais aussi pour cacher voire travestir la personnalité d’origine. Comme le maquillage ou le costume qui modifient l'apparence, le masque est l’outil même de l’illusion. C’est lui qui transforme. Lui qui fait entrer l’Homme de scène dans la peau du personnage qu'il joue. Lui encore qui projette aussitôt dans l’identité d'acteur.

Chez Emmanuel Macron à qui l’on peut d’ores et déjà décerné le titre d’ « oscar du meilleur acteur », la capacité à endosser « le rôle de » est une constante. Comme Obama interprète d’exception qui – devant les caméras – tirait à la carabine, jouait au basket, bowling ou au golf, l'artiste est complet. Emmanuel Macron peut en effet passer de « Jupiter » à l’air grave marchant seul dans la nuit au son de l’Hymne à la Joie, à « Tom Cruise » dans Tom Gun lors d’une visite militaire au milieu offensif d’une équipe de foot « all stars » opposée… à un 11 de soignants (laminés 6-1 avec bien sûr but de Macron sur penalty). Tel l'acteur, Emmanuel Macron s'adapte au rôle, qui correspond à la séquence et au sujet du jour, au débat et à l'enjeu du moment. Porté par le récit d'une narration toujours livrée en images, Emmanuel Macron continue de se vendre et de distraire les foules. Il sait aussi qu'il discrédite la fonction présidentielle, plus largement celle du politique dont les apparitions – sous forme de happening - n'amusent plus personne désormais.

François Belley

http://francoisbelley.fr