mardi 9 janvier 2024

GABRIEL ATTAL ou le sacre de l’ULTRA COM.

 


À 34 ans, Gabriel Attal a donc été choisi pour devenir le nouveau locataire de Matignon. « Jeunesse », « style » et « éloquence »  : voilà les 3 items de forme qui cristalliseront la vie politique française, alimenteront la sphère sociale-médiatique et nourriront le commentariat dans les émissions de débat. Reflet d’une discipline politique dominée par l’image et la com, la nomination de Gabriel Attal à Matignon est intéressante pour 3 raisons :

- D’abord, parce qu’elle sacre LE RÈGNE DE LA POPULARITÉ en politique.

À l’ère de la politique-spectacle, il faut être connu, média-compatible et populaire : autrement dit, avoir une capacité à séduire. Contrairement à Sébastien Lecornu ou Julien Denormandie moins connus grand public, Gabriel Attal coche cette première case de la « popularité », indispensable en politique.

Présenté comme « une star » au sein du gouvernement, Gabriel Attal occupe en effet depuis peu la première place des personnalités politique préférées des Français (baromètre Ipsos-Le Point), chipant en décembre dernier la plus haute marche du podium attribuée à Edouard Philippe depuis 2020. Contrairement à Bruno Le Maire, Gérald Darmanin ou Olivier Véran, Gabriel Attal fait même partie du top 3 des politiques avec lesquels les Français se verraient bien « boire une bière », (Ifop/beer test, 28/12/2023), cochant donc l’autre case, capitale en politique, celle de la « proximité ».

1ère conclusion : le choix de Gabriel Attal par Emmanuel Macron s’inscrit d’abord dans un marketing de la demande, c’est-à-dire un « produit politique » en phase avec les études, l’opinion et les attentes du marché.

- Ensuite, parce qu’elle sacre LE RÈGNE DE L’EFFET D’ANNONCE en politique.

Sur ces 5 derniers mois, l’ascension de Gabriel Attal, à la tête du ministère de l’Éducation nationale, s’est construite sur une succession d’effets d’annonces, de mesures et de propositions chocs, c’est-à-dire de « séquences » dont l’objectif visait essentiellement à imprimer la marque « Attal » dans l’opinion : autrement dit faire une OPA sur l’actualité.

Gabriel Attal, Ministre de l’Éducation, ce sera la séquence de « l’interdiction de l’abaya » (05/09/2023), puis celle du « harcèlement scolaire » (TF1, 05/11/2023), de « l’uniforme à l’école » ou encore du « redoublement ou des groupes de niveaux » (06/12/2023), n’hésitant pas à parler « d’urgence nationale » et « d’électrochoc à tous les étages».

2ème conclusion : la parole officielle que l'on met en scène par son effet d'annonce agit sur l'opinion tel un placebo. À tel point qu'avoir "des paroles fortes" et "des mots forts", "des messages forts" et "des promesses fortes" suffisent désormais aux politiques pour maintenant persuader, rassurer et convaincre : autrement dit, pour gagner l'approbation et la confiance des foules. 

- Enfin, parce qu’elle sacre LE RÈGNE DU TEMPS COURT en politique.

5 petits mois et puis s’en va (déjà) ! Voilà ce que retiendront (aussi) les citoyens, lesquels attendent des actes désormais. C’est-à-dire des résultats tangibles, une fois l’effet d’annonce et les retombées média passés.

Coincé entre le temps de l’immédiateté du médiatique et le temps ultra-court de l’élection, le politique qui n’agit plus que par réaction, rebond et séquence de 3 à 8 jours, n’arrive plus aujourd’hui à s’inscrire dans le temps long, pourtant indispensable à l’action politique : ce temps long qui fait justement l’homme d’État dont on manque aujourd’hui.

3ème conclusion : dans un monde instable et incertain, le citoyen attend une vision, un cap et un projet commun, seules matières possibles à une parole publique solide, sensée et utile. Aussi, le salut du politique ne viendra pas des coups d’éclat et des effets d’annonce, aussi bien scénarisés, vus et commentés soient-ils, mais des actes uniquement.

François -