vendredi 17 février 2023

POURQUOI TANT DE BORDEL À L’ASSEMBLÉE ?

 


















À l’heure de l’ultra-com, 3 explications :

- L’AVÈNEMENT DE L’AUTO-ENTREPRENARIAT POLITIQUE.
Avec l’accès à la publication et la personnalisation du débat public comme conséquences directes, l’acteur politique, en écho à une société recentrée sur elle-même, a muté vers un statut nouveau : celui d’auto-entrepreneur politique qui, à la manière d’une petite entreprise individuelle, gère seul désormais, son image, ses coups de com’ et le développement de sa propre marque sur le marché.
Obnubilé par la croissance de sa petite personne qu’il veut et voit grande, l’auto-entrepreneur politique nouvellement émancipé se singularise par son indépendance, sa liberté d’entreprendre et de se mettre en spectacle. L’auto-entrepreneur réfléchit par lui-même. Il agit surtout pour lui-même. Dans cette logique, la personnalité cannibalise le collectif ; l’individu vampirise le groupe.

- LA RECHERCHE DU HAPPENING PERMANENT.
Pour celui qui s’aventure sur le marché du nouveau spectacle politique, l’impact de la sortie publique, par le coup d’éclat ou le dérapage, la publication ou la déclaration, s’apparente à une véritable obsession. Parce que la lumière sociale-médiatique ressemble à une libido qu’il faut assouvir au plus vite, le professionnel de la politique, comme le néo-politique, face à sa pulsion de représentation, cherche l’audimat désespérément. Ainsi, faute d’idées et de vrais combats, le politique au besoin vital d’être vu, braque l’actualité par le biais de happenings, sous forme d’opérations coup de poing, calibrées pour les médias et les réseaux sociaux.
Dans un monde où l’agitation a remplacé l’action politique et le divertissement balayé la réflexion, l’agitprop médiatique par la voie de la subversion est devenue la nouvelle façon de faire de la politique : celle qui se remarque, fait parler et dont la réussite s’évalue par le nombre de vues, de likes et de partages.

- LE DIKTAT DU SPECTACULARISME.
Dans le spectacle, il n’y a rien de pire que l’insensibilité, l’impassibilité et l’indifférence du public ; l’absence totale d’émotions et d’impressions, d’avis et d’opinions. Aussi, l’adhésion comme le rejet du spectacle doivent nécessairement susciter de la réaction, positive ou négative. Qu’importe, pourvu que le commentaire offre aux masses, à la vie monotone, la décharge d’endorphine et d’excitation attendue. Idéologie de la société de contenus, le spectacularisme, c’est précisément cette capacité de l’industrie sociale-médiatique à servir, dans l’assiette gargantuesque du public, du contenu de nature spectaculaire. Celui même qui, le temps d’une connexion, fera vivre à l’abonné au néo-divertissement, la fameuse « expérience utilisateur ».

C’est comme ça : devant son écran de spectacle, l’homme connecté veut vivre des moments intenses, atteindre l’épilepsie, être touché et transporté, stimulé et serré : en avoir plein la vue, la tête et les oreilles

Une fois ce constat fait, il existe des solutions pour contourner le diktat de la com’ et redonner de crédit à la parole politique. Elles sont dans ce livre, précisément à la page 225.
« Le Nouveau Spectacle politique » (Editions Nicaise), Essai.

François Belley.