À l’heure de
l’ultra-com, 3 explications :
- L’AVÈNEMENT DE
L’AUTO-ENTREPRENARIAT POLITIQUE.
Avec l’accès à
la publication et la personnalisation du débat public comme
conséquences directes, l’acteur politique, en écho à une société
recentrée sur elle-même, a muté vers un statut nouveau :
celui d’auto-entrepreneur politique qui, à la manière d’une
petite entreprise individuelle, gère seul désormais, son image, ses
coups de com’ et le développement de sa propre marque sur le
marché.
Obnubilé par la
croissance de sa petite personne qu’il veut et voit grande,
l’auto-entrepreneur politique nouvellement émancipé se
singularise par son indépendance, sa liberté d’entreprendre et de
se mettre en spectacle. L’auto-entrepreneur réfléchit par
lui-même. Il agit surtout pour lui-même. Dans cette logique, la
personnalité cannibalise le collectif ; l’individu vampirise le
groupe.
- LA RECHERCHE DU
HAPPENING PERMANENT.
Pour celui qui
s’aventure sur le marché du nouveau spectacle politique, l’impact
de la sortie publique, par le coup d’éclat ou le dérapage, la
publication ou la déclaration, s’apparente à une véritable
obsession. Parce que la lumière sociale-médiatique ressemble à une
libido qu’il faut assouvir au plus vite, le professionnel de la
politique, comme le néo-politique, face à sa pulsion de
représentation, cherche l’audimat désespérément. Ainsi, faute
d’idées et de vrais combats, le politique au besoin vital d’être
vu, braque l’actualité par le biais de happenings, sous forme
d’opérations coup de poing, calibrées pour les médias et les
réseaux sociaux.
Dans un monde où
l’agitation a remplacé l’action politique et le divertissement
balayé la réflexion, l’agitprop médiatique par la voie de la
subversion est devenue la nouvelle façon de faire de la politique :
celle qui se remarque, fait parler et dont la réussite s’évalue
par le nombre de vues, de likes et de partages.
- LE DIKTAT DU
SPECTACULARISME.
Dans le spectacle,
il n’y a rien de pire que l’insensibilité, l’impassibilité et
l’indifférence du public ; l’absence totale d’émotions
et d’impressions, d’avis et d’opinions. Aussi, l’adhésion
comme le rejet du spectacle doivent nécessairement susciter de la
réaction, positive ou négative. Qu’importe, pourvu que le
commentaire offre aux masses, à la vie monotone, la décharge
d’endorphine et d’excitation attendue. Idéologie de la société
de contenus, le spectacularisme, c’est précisément cette capacité
de l’industrie sociale-médiatique à servir, dans l’assiette
gargantuesque du public, du contenu de nature spectaculaire. Celui
même qui, le temps d’une connexion, fera vivre à l’abonné au
néo-divertissement, la fameuse « expérience utilisateur ».
C’est comme ça :
devant son écran de spectacle, l’homme connecté veut vivre des
moments intenses, atteindre l’épilepsie, être touché et
transporté, stimulé et serré : en avoir plein la vue, la tête
et les oreilles
Une fois ce constat
fait, il existe des solutions pour contourner le diktat de la com’
et redonner de crédit à la parole politique. Elles sont dans ce
livre, précisément à la page 225.
« Le Nouveau
Spectacle politique » (Editions Nicaise), Essai.
François Belley.