En
mars 2020, l'annonce du 1er confinement, inédit dans
l'Histoire moderne, avait eu un impact immédiat dans l'acte de
consommation des populations. On se souvient en effet des images
sur-réalistes, montrant les Hommes-caddie se ruer dans les
hypermarchés et les centres commerciaux. Et ce n'était pas ici et
là qu'une image extraite pour le spectacle par les journalistes en
quête de séquences fortes. Des ventes en hausse de 30% pour le
papier toilette, 150 % pour la farine ou 97 % pour les pâtes :
l'annonce du 1er confinement par le politique fut un véritable
électrochoc pour le consommateur. Ce fut pour reprendre les mots
récents de l'ancien Ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, le premier " coup
de pression ". Et il y en aura un second.
Lundi 12 juillet dernier, lors de la énième allocution présidentielle, bis repetita. L'annonce de l'obligation du pass sanitaire, qui plus est dans une période de vacances propice à la sur-consommation, a eu un effet immédiat sur le vaccin, devenu tout à coup un produit de grande consommation comme les autres. Comme prévu, l'Homme-caddie s'est rué en ligne. Pour preuve, le soir même des annonces présidentielles : la plateforme de rendez-vous vaccinal "Doctolib" a été saturé (" 17 000 rendez-vous pris toutes les minutes "). Selon "Doctolib" toujours, à date du 16 juillet, " 2,6 millions de rdv ont été pris". Et pour un jour férié (14 juillet) " 432 000 français" ont pris rendez-vous. Après Lustucru, Francine et Lotus, Pfizer peut remercier à son tour leur meilleur vendeur toutes catégories : Emmanuel Macron. Pour toutes ces hyper-marques à la recherche du profit permanent, ce fut (et de loin) le meilleur coup de pub de leur histoire commerciale. Et gratuit qui plus est !
Une nouvelle fois, cette séquence vient démontrer la force de l'effet d'annonce en politique : un effet d'annonce utilisé par ceux qui nous gouvernent selon les cas, pour créer l'électrochoc dans l'opinion, calmer les populations ou exciter facilement les médias. La méthode est rodée. L'annonce de l'obligation du pass sanitaire, comme hier le Beauvau de la Sécurité, le Grenelle de l'Environnement ou les États Généraux de la Laïcité, n'est finalement qu'un gros coup de com (rien d'autre !) pour affirmer l'autorité et la crédibilité d'un président de la République (a minima) à l'égard de ses ministres. L'occasion pour Emmanuel Macron de dire en Conseil des Ministres : " Regardez, avec moi, çà marche ! ". La preuve pour le futur candidat d'En Marche ? Selon BFM TV, 52% des Français l'ont trouvé "convaincant" lors de son allocution" ; mieux 76 % ont approuvé sa décision de rendre" obligatoire la vaccination pour les personnels soignants et d’autres professions, avec sanctions à la clef ". What else ?
A la veille d'une séquence électorale, tout ce grand raout médiatique n'est probalement au final qu'un gigantesque coup publicitaire pour le produit "Macron". En effet, à l'instar de la promesse de campagne et des faits, l'annonce politique et la réalité du terrain sont in fine deux choses bien distinctes. Ces prochains jours, viendra le temps plus complexe du projet de loi, des débats et des recours possibles, surtout de la mise en pratique et de l'acceptation du réel, sur-estimé pour l'heure par le politique. "Regardez avec moi çà bouge ! ". Si d'aventure, tout cela s'avérait se mettre en place, telles que les annonces ont été faites ce lundi 12 juillet, le pays devrait tanguer.
François Belley
http://francoisbelley.fr