La politique d’aujourd’hui s’inscrit dans une époque aux rôles inversés où, à l’écran, le show-business fait de la politique et le politique assure le spectacle.
À l’heure du coup de com permanent, le people est devenu aujourd’hui le politique : celui qui s’engage publiquement, se lève et se bat pour une cause. Désormais, c’est « le people-politique » qui a besoin du politique traditionnel comme béquille, caution et relais pour ses discours et autres prises de position. Dorénavant, quand « le people-politique » (Justin Bieber) se déplace, c’est le politique (Emmanuel Macron) qui demande le selfie en cascades. À l’instar d’une reine de la pop, d’une ex-mannequin playmate ou d’un chanteur de rock irlandais, « le people-politique » fait l’actu et occupe le terrain.
Soumis au spectacle permanent, le politique traditionnel est à l’inverse devenu un people décomplexé : celui qui, en sa qualité de star des magazines, truste la rubrique « scoop », quand ce n’est pas celle plus trash des « faits divers ». Désormais, c’est « le politique-people » qui participe à l’écran au divertissement de masse.
Qu’il soit « président de la République » ou « chroniqueur-intermittent », c’est « le politique-people » que suivent en priorité les photographes, les producteurs comme les animateurs. En promotion continue de lui-même, c’est en effet bien « le politique-people » qui court les émissions de talk-show et s’accroche aux plateaux pour commenter l’indignation et l’engagement du people-politique. C’est encore et toujours le politique-people qui se ré-approprie un peu plus chaque jour l’univers, les codes et le langage des stars. Et après, on s’étonne du désintérêt bientôt total pour la discipline politique.
François Belley
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